Polémique sur le toucher vaginal sans consentement
Des étudiants en médecine peuvent-ils s'exercer au toucher vaginal au bloc opératoire, sur des patientes endormies ? La polémique est née d'un article de Metronews qui, documents à l'appui, affirme qu'il s'agit d'une consigne donnée à des étudiants par la faculté de médecine de Lyon-Sud. Une pratique qui, si elle est confirmée, pose de nombreux problèmes éthiques.
La loi Kouchner de 2002 est très claire sur le droit des malades : "l'examen d'une personne malade dans le cadre d'un enseignement clinique requiert son consentement préalable". Aucun acte médical ne peut donc être pratiqué sans avoir auparavant reçu l'accord du patient. D'autant plus pour les examens intrusifs.
"C'est une relation de confiance. Est-ce qu'on fait confiance à son médecin lorsqu'il va solliciter cette demande et lorsqu'on vous dit qu'il y aura deux trois étudiants qui vont faire sur vous un toucher rectal ? Même si c'est un acte qui peut ne pas être douloureux, ça n'est pas un acte anodin. Ce n'est pas la même chose d'observer une plaie et d'être intrusif. Là il y a un acte bien particulier", explique Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale à l'Université Paris-Sud.
En matière d'éthique, tout ne relève pas de la loi. La formation des futurs médecins doit aussi prendre en compte cet aspect : "si vous voulez former des étudiants, c'est bien, mais il faut les former aux bonnes pratiques. Il faut aussi les former aux bons comportements (…) Si demain, lorsque vous allez être endormi, vous avez la suspicion d'actes commis à votre insu et qui touchent à votre intégrité, vous pourrez véritablement douter et être dans une situation d'inconfort, de suspicion... Tout cela n'est pas forcément compatible avec le bon soin", poursuit Emmanuel Hirsch.
Bien que rien ne remplace l'examen réel du patient, des alternatives pédagogiques existent : de plus en plus de facultés de médecine proposent par exemple à leurs étudiants de se former avant tout sur des mannequins.
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