DMLA : des lentilles télescopiques pour mieux voir
Après les Google Glass, les lentilles "zoomantes" munies de télescopes miniatures... Bien loin du simple gadget, elles permettraient d'améliorer le confort visuel de millions de malades atteints de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), première cause de malvoyance chez les plus de 50 ans.
Si elles ne permettaient pas d'améliorer la vision des personnes atteintes de DMLA, elles pourraient bien ressembler à un accessoire de film d'espionnage... Ces nouvelles lentilles de contact, présentées le 13 février à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science, fonctionnent comme un zoom... Et ce grâce à un mini télescope intégré directement dans la lentille. "Une première dans le genre" explique Eric Tremblay, créateur du dispositif (1) dans un communiqué. Selon lui, les lentilles multiplieraient par 2,8 l'acuité visuelle, normalement en baisse chez les personnes touchées par la DMLA.
Cette maladie, première cause de malvoyance après 50 ans, entraîne un perte partielle de la vision, en créant des taches sombres sur le champs visuel. Un trouble handicapant, qui complique fortement la lecture, le travail sur ordinateur, la cuisine ou même la reconnaissance des visages...
Grâce à ce télescope miniature, les malades pourraient donc zoomer à souhait sur l'objet à fixer, en activant le mécanisme par un simple clin d'œil. Le télescope, de 1,5 millimètre, reflète la lumière par un jeu de miroirs intégrés. Pour distinguer un clignement automatique des paupières d'un clin d'œil volontaire, les ingénieurs ont associé à la lentille une paire de lunettes qui différencie ces deux mouvements, servant ainsi d'interrupteur. "Nous pensons que ces lentilles promettent beaucoup pour le personnes ayant une vision basse et pour celles atteintes de DMLA", s'enthousiasme Eric Tremblay.
Des lentilles bientôt adaptées à la vie quotidienne
Présentées pour la première fois en 2013, les lentilles ont été depuis adaptées pour optimiser le confort et qu'elles puissent être portées tout au long de la journée. Elles n'ont, par ailleurs, pas besoin d'être alimentées par une source d'énergie. De plus en plus d'innovations sont développées ces dernières années pour améliorer le confort visuel des patients atteints de DMLA. Un implant rétinien sera, par exemple, testé cliniquement en 2016. Il est relié à des lunettes munies de caméras qui envoient l'image filmée sous la forme d'un signal électrique, à la puce qui convertit cette impulsion au cerveau.
Selon Eric Tremblay, il faudrait dans l'avenir développer des dispositifs moins volumineux pour convenir aux besoins des patients : "il y a un besoin réel d'appareillages plus intégrés, les lentilles pourraient donc être attrayantes". Pour l'instant, les lunettes associées aux lentilles télescopiques restent encore lourdes et peu élégantes. "Nous n'en sommes qu'au stade de recherche, mais nous sommes pleins d'espoir pour que ces lentilles deviennent un vraie option pour les personnes atteintes de DMLA", ajoute Eric Tremblay. En France, un million de personnes souffrent de cette maladie.
(1) Equipe de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse), financée par l'agence de recherche du pentagone (Defense Advanced Research Projects Agency), aussi intéressée pour des potentielles applications militaires de ces lentilles.