Cancer de la vessie : pénurie des traitements
Les ruptures d'approvisionnement de médicaments ne sont pas rares. Mais lorsqu'elles concernent des maladies comme le cancer, l'inquiétude des patients est grande. Actuellement il existe une pénurie avec le BCG, ce vaccin qui peut aussi être prescrit comme traitement d'immunothérapie dans certains cancers de la vessie. Cela concerne les cancers non invasifs, mais à fort taux de récidive. Depuis 2012, le laboratoire Sanofi Pasteur qui commercialise le médicament de référence, l'Immucyst®, a été contraint d'arrêter sa production. Et les autres traitements substitutifs ne parviennent pas à répondre à la demande. Explications.
Depuis le mois d'avril 2012, le laboratoire Sanofi Pasteur qui commercialise le traitement de référence l'Immucyst® a été contraint d'interrompre sa production. "La fabrication des médicaments biologiques et des produits stériles en particulier, est extrêmement complexe. Et en plus de l'ensemble des contrôles qui sont faits à tous les stades de fabrication du produit fini, nous sommes tenus de tester l'environnement de fabrication. Ces contrôles ont des seuils d'alerte et nous avions commencé à avoir quelques signaux d'alerte qui témoignaient que le bâtiment devait être stoppé et rénové", explique Philippe Juvin, pharmacien responsable des laboratoires Sanofi Pasteur.
Lorsque le laboratoire a interrompu la fabrication de l'Immucyst® pour remettre son usine aux normes, l'Agence du médicament a dû trouver d'autres alternatives. Elle a ainsi autorisé la mise sur le marché de deux traitements d'immunothérapie : l'Oncotice® et le BCG-Medac®. Ces nouveaux produits s'administrent aussi par les voies naturelles pour traiter directement les parois de la vessie. Le malade commence par un traitement d'attaque de six semaines, il continue ensuite avec des séances d'entretien plus espacées.
Mais aujourd'hui les médicaments de substitution ne parviennent plus à satisfaire la demande. Les urologues ont donc décidé de ne plus réaliser le traitement de fond, mais selon eux, il est difficile de voir dans cette décision une perte de chance pour le patient comme le confirme le Pr Pierre Mongiat-Artus, urologue cancérologue : "le traitement d'entretien est bénéfique mais reste débattu. Il est recommandé mais les quelques pourcents de taux de guérison que ce traitement apporte sont battus en brèche par la tolérance parfois très mauvaise que ce traitement a. Et cette mauvaise tolérance amène souvent les urologues à retenir cette prescription pour préserver la qualité de vie des patients. À bénéfice modéré, prudence".
Selon le laboratoire Sanofi Pasteur, la production de l'Immucyst® devrait reprendre dans le courant du deuxième semestre 2015. En attendant, les patients devront bénéficier d'une surveillance plus étroite pour prévenir une éventuelle récidive.
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