Médecine humanitaire : soigner au-delà des frontières
En ces temps de conflits, de catastrophes naturelles et d'épidémies, la médecine humanitaire n'a jamais été aussi utile. Et si la Croix-Rouge est à l'origine de la médecine humanitaire, aujourd'hui elle est loin d'être la seule présente sur les zones de conflit et les terrains sinistrés.
La médecine humanitaire, toute une histoire
Sous la plume du poète Lamartine, en 1835, le terme "humanitaire" prend tout son sens. Il désigne ainsi ce qui tend au bien de l'humanité. Pour l'appliquer à la médecine et parler de "médecine humanitaire", il faut attendre l'intervention d'un autre personnage illustre, le banquier genevois Henri Dunant. Son but est de venir en aide aux blessés de guerre, peu importe le camp dont ils font partie.
En 1859, durant la campagne d'Italie, lors de la bataille de Solférino, des dizaines de milliers d'hommes sont abandonnés sur le champ de bataille. Henri Dunant, témoin de cette vision d'horreur, décide de leur porter secours aux côtés des rares infirmières présentes sur place. L'année suivante, la Croix-Rouge internationale est née. Cette institution interétatique a pour fondement l'humanité, la neutralité et l'universalisme.
Après la Seconde Guerre mondiale, vont naître toute une série d'organisations non gouvernementales, les fameuses ONG, pour venir en aide aux populations. Avec Médecins sans frontières et Médecins du monde, la France devient un modèle en la matière.
Les combattants d'Ebola sont les soignants volontaires en première ligne pour lutter contre la fièvre hémorragique qui a ravagé l'Afrique de l'Ouest. Après plus de 11.000 morts, plus personne ne doute de la sévérité de l'épidémie. Pourtant au début de la crise, la communauté internationale a bien du mal à réagir et c'est une simple ONG qui doit donner l'alerte en mars 2014.
La liberté d'action de Médecins sans frontières, c'est l'essence même de la médecine humanitaire moderne. Une indépendance qui remonte à la fin des années 60 et la guerre du Biafra. C'est alors la Croix-Rouge qui porte secours aux populations. À l'époque les médecins se sentaient isolés, leur est alors venue l'idée de créer une association à vocation humanitaire entièrement tournée vers le soin.
Et pour porter cette nouvelle médecine humanitaire, il y a la figure du "french doctor", ce médecin qui dénonce les atrocités, qui se range du côté des opprimés. Cette icône moderne, c'est Bernard Kouchner qui l'a le mieux incarnée quand il vient en aide aux "boat people" à la fin des années 70. Des migrants vietnamiens qui fuient la misère de leur pays.
Bernard Kouchner veut marquer les esprits et il le fait avec le concours des médias, à l'image de son intervention pour lutter contre la famine en Somalie qui fera le tour des télévisions. Les caméras deviennent des armes de mobilisation massive, une médiatisation qui est allée parfois trop loin.
Les ONG ont su médiatiser leurs actions, mais aussi les diversifier. Avec le temps, les paysages de la médecine humanitaire ont évolué. Elle se développe désormais aux portes de nos villes pour aider tous les exclus du système sanitaires : les Roms, les migrants, les sans domicile fixe… qui n'ont pas besoin d'être à l'autre bout du monde pour être démunis.
Médecine humanitaire : en France aussi !
La médecine humanitaire dite "de proximité" est incarnée par des médecins passionnés et engagés comme le Dr Laurent Seban, pédiatre et membre de Médecins du monde.
Le Dr Laurent Seban, aujourd'hui au siège de Médecins du monde, a travaillé pendant cinq ans, de 2008 à 2013, sur le terrain aux côtés de Roms installés dans des camps autour de Bordeaux. Pour lui, la médecine humanitaire s'est faite en France.