Coupures : les bons gestes à adopter
Les plaies sont un motif de consultation très fréquent aux urgences et de manière générale, un des accidents domestiques ou accidents de travail les plus courants. Que faire en cas de coupure ? Les explications du Dr Clémence Baudouin, médecin urgentiste.
Coupures : évaluer la gravité
Chute à vélo, bricolage... Nous nous sommes tous coupés un jour. En langage commun, on parle de coupure, d'éraflure, d'entaille. En langage médical, on parle de plaie. Dans tous les cas, il s'agit d'une ouverture de la peau et d'une atteinte de notre tissu protecteur.
La question pratique qui se pose est : peut-on gérer cette coupure à la maison ou faut-il consulter ? Pour évaluer la gravité d'une plaie, trois critères sont à prendre en compte :
- son aspect
- sa localisation
- son mécanisme
L'aspect de la plaie
Globalement, une plaie simple est une plaie propre ou qui se nettoie facilement, superficielle comme une éraflure, ou peu profonde parce qu'on arrive parfaitement à en voir le fond, et dont les bords ne sont pas trop écartés, ni abîmés.
- Quand la plaie est petite
Il faut faire attention quand la plaie est petite mais dans ce cas, c'est surtout le mécanisme qui doit inquiéter : par exemple, quand on s'enfonce la pointe d'un couteau ou un clou dans la main. Pour les petites plaies superficielles, tout peut se gérer à la maison.
La première chose à faire est de bien nettoyer. Le plus simple et efficace, c'est de laver abondamment la plaie à l'eau et au savon. Il faut surtout enlever toutes les saletés. Pour une plaie simple, ce nettoyage est suffisant.
- Quand la plaie est plus compliquée ou plus sale
Quand la plaie est plus compliquée ou plus sale, on peut utiliser un antiseptique. Les personnes qui ont un terrain à risque (patients diabétiques ou immunodéprimés...) sont beaucoup plus sensibles aux infections et toute plaie peut se compliquer. Dès le début, il faut systématiquement utiliser un antiseptique.
Tous les antiseptiques vendus en pharmacie sont valables. Il faut éviter les produits colorés parce qu'ils empêchent de surveiller l'évolution. Il faut aussi éviter l'alcool à 90° qui brûle les tissus. Appliquez l'antiseptique avec une compresse en partant de l'intérieur de la plaie vers l'extérieur pour amener les souillures vers l'extérieur.
Après le lavage ou la désinfection (deux fois par jour), séchez la peau et appliquez un pansement pour protéger la plaie. Surveillez dans les jours qui suivent que la plaie ne s'infecte pas, et que la peau ne devient pas rouge, gonflée ou douloureuse.
- Quand la plaie est profonde
Quand la plaie est profonde, c'est-à-dire quand on ne voit pas le fond et si elle saigne, il faut comprimer la plaie.
Le risque de ces plaies profondes est la présence de lésions en dessous, invisibles à l'oeil nu. Il faut donc consulter pour réaliser des tests (perte de sensibilité, déficit moteur) et pour explorer la plaie, c'est-à-dire vérifier s'il n'y a pas en profondeur une atteinte d'un élément noble comme un nerf, un tendon, ou un organe qu'il faudrait traiter éventuellement chirurgicalement.
- Quand la plaie est large, profonde et que sa localisation est à risque
Face à ce type de plaie, il faut consulter. Elle peut ne pas être profonde mais les bords de la plaie sont peut-être trop écartés pour permettre une bonne cicatrisation. Il faudra donc les rapprocher. Pour des plaies superficielles, des strips peuvent suffire mais souvent les points de suture sont inévitables. C'est le gage d'une bonne cicatrisation.
Un médecin généraliste est tout à fait capable d'examiner la plaie et de faire des petites sutures, notamment pour des plaies simples, nettes et pas trop grandes. Il est également possible de se rendre aux urgences, notamment s'il faut explorer la plaie ou si la suture sera longue ou complexe parce que la plaie est grande ou la peau abîmée. Dans ce cas, on conseille aussi de rester à jeun au cas où une intervention chirurgicale devrait être nécessaire.
Quand l'état du patient est grave, en cas de plaie au thorax ou à l'abdomen, ou si la plaie saigne de façon importante, il faut appeler les secours. Et en attendant l'arrivée des secours, installez le patient dans une position confortable : position assise pour une plaie au thorax, allongée les jambes repliées pour une plaie au niveau du ventre, et allongée quand la plaie saigne.
Il existe aussi une colle spéciale, chirurgicale qui peut être utilisée pour des plaies nettes, qui ne sont pas trop grandes, qui ne saignent pas. Cette solution est souvent proposée aux enfants, principalement pour les plaies situées au niveau du visage. Cette colle est aussi efficace que les points de suture.
Enfin, il existe un risque quand la plaie reste sale, même après nettoyage. Par exemple, après une chute à vélo, la peau est souvent abîmée à cause du choc. Les plaies peuvent être souillées avec du goudron ou des graviers. Il faut dans ce cas consulter pour nettoyer proprement la plaie.
La localisation de la plaie
Les plaies localisées sur le thorax ou l'abdomen sont toujours potentiellement graves et nécessitent un avis systématique, et même un appel du 15 car en dessous, se trouvent les poumons, la rate, ou le foie, et si ces organes sont touchés, le risque peut être vital.
Autre localisation à risque très fréquente : la main. Il faut toujours être extrêmement vigilant car au niveau de la main, sous la peau se trouvent de nombreux tendons, nerfs, vaisseaux... Une petite plaie peut donner des lésions graves, donc en cas de plaie au niveau des mains, il faut consulter.
Il faut également être vigilant pour les plaies du visage, notamment les plaies situées près des yeux, les plaies du cou, des oreilles, du périnée, et les plaies proches des articulations car il existe un risque infectieux.
Les mécanismes
Visseuse, tronçonneuse, injecteur à haute pression, presse... donnent des plaies et des lésions graves. Concernant les accidents domestiques, il faut se méfier des plaies avec du verre, très coupant. Généralement, les lésions sont profondes.
Les plaies avec un couteau ou avec un objet fin comme un clou sont souvent profondes si l'objet s'est planté verticalement dans la peau, et non pas tangentiellement. Le risque de lésions sur leur trajet est important, donc même si la plaie fait quelques millimètres, il faut consulter.
Pour les plaies qui font suite à un choc (après une chute à vélo par exemple), il faut s'assurer qu'il n'y a pas de fracture associée.
Enfin, en cas de morsure, le risque est surtout infectieux. Il faut dans ce cas bien nettoyer et désinfecter, puis consulter pour discuter d'un traitement antibiotique.
D'autres conseils
Le risque de tétanos reste toujours d'actualité. Des cas de tétanos sont recensés tous les ans. Le tétanos est une maladie mortelle donc il faut se faire vacciner. En cas de plaie, il faut toujours s'assurer que la victime est à jour de sa vaccination anti-tétanique et demander à son médecin en cas de doute.
Dans les jours qui suivent le traitement de la plaie, il faut continuer à bien nettoyer et surveiller. Pour avoir une belle cicatrice, il faut :
- masser la peau au niveau de la cicatrice pour rendre la peau bien souple
- associer un corps gras comme de la vaseline si la peau est abîmée
- laisser la plaie à l'air libre quand il n'y a pas de risque que la plaie se salisse à nouveau
- éviter le soleil et protéger la cicatrice avec un écran total pendant environ un an