Urgences : le "no bed challenge" pour diminuer le nombre de brancards dans les couloirs
Avec le "No Bed Challenge", des médecins comptabilisent le nombre de patients qui passent la nuit sur un brancard pour alerter sur la situation explosive des urgences.
Quel hôpital compte le plus de patients qui dorment sur des brancards ? Depuis janvier 2018, des médecins ont décidé de recenser chaque matin le nombre de personnes qui ont passé la nuit dans les couloirs des urgences, faute de lits d'hospitalisation disponibles.
Baptisé le "No Bed challenge" ("Le défi du manque de lits"), cette initiative lancée par le SAMU-Urgences de France permet de publier chaque semaine un classement des bons et mauvais élèves. Le docteur François Braun, président de SAMU-Urgences de France répond à nos questions.
- En quoi consiste le "No bed Challenge" ?
Dr François Braun : "C'est quelque chose d'assez simple, c’est uniquement déclaratif. Le responsable du service des urgences, ou une personne désignée par lui, va renseigner tous les matins avant 10 heures, sur un site Internet avec des codes sécurisés, le nombre de patients qui ont passé la nuit sur un brancard dans le service des urgences, faute de lits d'hospitalisation."
- Pourquoi avez-vous décidé d'effectuer ce décompte des patients qui ne peuvent pas être hospitalisés faute de lit disponibles ?
Dr François Braun : "Nous avons voulu le faire car il n’y a pas de décompte officiel. Il y avait beaucoup de fantasmes qui circulaient autour de tout cela et nous nous sommes dit qu’il fallait absolument avoir des éléments objectifs. Objectifs parce que derrière, il y a une augmentation de la morbi-mortalité pour les patients et c’est ça le principal problème. La saturation des urgences entraîne une vraie augmentation des complications et de la mortalité et pas aux urgences uniquement, mais dans les trois jours qui suivent l’admission aux urgences. Donc c’est un problème qui concerne réellement tout l’hôpital."
- Quelles sont vos premières conclusions ?
Dr François Braun : "Les premières conclusions sont de dire que l’hôpital actuel est arrivé à bout de souffle, au bout d’un certain modèle. Il avait été construit il y a un certain nombre de dizaines d’années pour répondre à des pathologies aiguës très spécialisées, on a fait des services très spécialisés, au détriment souvent de services de médecine un peu plus polyvalents. Or, l’évolution des pathologies et de la société font que maintenant, les personnes que l’on hospitalise sont plus âgées, ont des pathologies multiples, ont besoin de soins un peu différents et il n’y a plus de place dans l’hôpital pour les prendre en charge !"