Aluminium dans les vaccins : pas de preuve de nocivité
Le débat n’en finit pas. L’aluminium dans les vaccins est-il dangereux ? L’Académie nationale de Pharmacie a étudié les données scientifiques disponibles sur le sujet. Elle conclut que cet adjuvant présente plus de bénéfices que de risques.
La défiance entre les Français et la vaccination est tangible. L’utilité de certains vaccins et surtout leur sécurité sont régulièrement débattus. Un point cristallise particulièrement les crispations et attise les passions : la présence d’aluminium dans les préparations injectables des vaccins. Certains patients, mais aussi une partie du corps médical, l’accusent de provoquer une lésion post-vaccinale appelée myofasciite à macrophages, caractérisée par des dépôts d’aluminium dans le tissu musculaire accompagnée de douleurs musculaires, de douleurs articulaires, de fatigue et de troubles cognitifs. Pourtant, le phénomène est, en nombre de cas, négligeable : d’après les données de pharmacovigilance, un seul nouveau cas de myofasciite à macrophages serait survenu depuis 2012, alors qu’actuellement, environ 12 millions de doses de vaccins contenant un adjuvant aluminique sont administrées chaque année en France.
« Pas de lien de causalité »
Pour y voir plus clair, l’Académie de Pharmacie a néanmoins mis en place un groupe de travail pour évaluer le rapport bénéfice / risque de l’aluminium en s’appuyant sur la littérature scientifique existante. L’Académie conclut que « même si certaines manifestations cliniques sévères ont pu être associées à des injections vaccinales, aucun lien de causalité n’a pu être établi, à ce jour, avec les adjuvants aluminiques. »
Mais alors, d'où vient cette fixation sur l'aluminium ? C’est à la fin de années 90 que la sécurité d’emploi des adjuvants aluminiques a été remise en question, en France, avec la survenue d’une lésion inflammatoire localisée au point d’injection, renfermant des cristaux d’aluminium au sein des macrophages (des cellules de notre système immunitaire).
L’aluminium, un indispensable « booster » de l’immunité
L’aluminium est le seul adjuvant inscrit à la pharmacopée européenne. Et il est indispensable à la composition de la majorité des vaccins (30 sur les 56 autorisés en France en contiennent) : il rend la vaccination efficace. Le complexe formé entre la molécule vaccinale et la particule aluminique stimule le système immunitaire. Il permet aussi un effet prolongé, ce qui diminue le nombre de doses nécessaires.
Mais pourquoi ne pas remplacer l’adjuvant « de la discorde » par un autre ? Parce qu’il n’y en a pas « Il n’existe pas d’alternative à court terme aux adjuvants aluminiques du fait que la sécurité d’autres adjuvants actuellement en développement n’est, aujourd’hui, pas démontrée », rappelle le rapport. Il précise également que « l’Académie de Pharmacie soutient la recherche concernant de nouveaux adjuvants. »
Le rapport rappelle aussi que « la quantité d'aluminium apportée par une dose de vaccin est négligeable au regard des apports alimentaires, cosmétiques, professionnels. » De quoi relativiser.