Vaccin contre la coqueluche : une protection qui diminue au fil des ans
La recrudescence des cas de coqueluche dans le monde ne serait pas uniquement due à une baisse de la couverture vaccinale. L'efficacité du vaccin dans le temps est mise en cause.
Les chercheurs ont mené leur étude auprès de 5.867 Canadiens vaccinés contre la coqueluche entre 1992 et 2013. Leurs analyses prouvent que un à trois ans après la dernière injection, l’efficacité vaccinale est de 84% contre 62% quatre à sept ans après, et baisse jusqu’à 41% huit ans plus tard. Leur publication dans le Canadian Medical Association, précise que sept ans après, la protection devient "pauvre, voire nulle".
Deux fois plus de risque d’infection avec le vaccin acellulaire
Les auteurs ont comparé la protection apportée par le vaccin acellulaire, vaccin actuellement utilisé en France et au Canada, à celle du vaccin dit "à germes entiers", utilisé auparavant chez nous et encore aujourd'hui dans de nombreux pays. Ils ont observé que les primo-vaccinés avec le vaccin acellulaire ont 2,2 fois plus de risques de se faire infecter que ceux qui ont bénéficié de l’ancien vaccin. Ces résultats "suggèrent la nécessité de repenser la stratégie de vaccination et de considérer la réintroduction du vaccin "à germes entier" pour la primo-vaccination des nouveau-nés", indiquent les auteurs.
Rappels supplémentaires
Le Pr Daniel Floret, pédiatre et président du comité technique des vaccinations du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), explique que "pour des raisons de tolérance" un retour en arrière serait difficilement accepté. Il ajoute : "Si le vaccin "à germes entiers" est encore utilisé dans les pays du tiers-monde et certains pays émergents, l’industrie cherche plutôt à abandonner sa fabrication, pour que ces pays passent au vaccin acellulaire".
En France, deux injections sont recommandées chez le nourrisson : une à deux mois, une à 4 mois, puis un rappel à 11 mois et à 6 ans. D’autres rappels sont recommandés entre 11 et 13 ans et à 26-28 ans. Le Pr Floret estime que la stratégie vaccinale la mieux adaptée serait d’augmenter la fréquence des rappels mais cette stratégie se heurte à l'absence de vaccin monovalent, à une seule souche. Or, il précise que "il n’y a pas de vaccin non combiné contre la coqueluche. Et c’est un vrai problème".