Grippe : seule la moitié des personnes à risque sont vaccinées
Le chiffre est encore plus impressionnant pour les professionnels de santé : ils ne seraient qu’un quart à être vaccinés.
13.000 personnes meurent chaque année de la grippe en France. Pourtant, ce chiffre alarmant ne semble pas inquiéter certaines personnes à risques et de nombreux professionnels de santé. En effet, à peine 45,6% des personnes à risque et seulement 26% des membres du corps médicaux sont vaccinés contre cette maladie. Des chiffres très loin des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui indique qu’au moins 75% des personnes à risque doivent être vaccinées. Le 18 octobre, le ministère de la Santé a donc édicté une charte pour encourager les professionnels.
Chaque année, 75.000 passages aux urgences concernent la grippe
"C'est pour moi un enjeu déontologique", a affirmé Agnès Buzyn, qui a présenté la charte, signée par les ordres des sages-femmes, des pharmaciens, des masseurs-kinésithérapeutes, des médecins, des infirmiers, des chirurgiens-dentistes et des pédicures-podologues. "En se faisant vacciner eux-mêmes, non seulement les professionnels de santé montrent l’exemple, mais surtout, ils protègent leurs patients", a poursuivi la ministre de la Santé.
Aussi le ministère lance-t-il, comme à son habitude, une campagne pour rappeler les gestes simples : se laver les mains, éviter les contacts quand on est infecté… A la télévision, un spot de campagne sera diffusé à partir du 26 octobre, notamment à la fin de chaque bulletin météo sur France 2 et France 3.
Agnès Buzyn entend également inciter les personnes à risque (plus de 65 ans, malades chroniques, obèses sévères, femmes enceintes…) à se faire vacciner. Cette catégorie concerne en effet plus de 12 millions de personnes. Sur les 3.000 cas graves admis en réanimation l’année dernière, 81% faisaient partie de cette population à risque, et plus des deux-tiers n'étaient pas vaccinés. De plus, sur les 13.000 morts de la grippe, 85% sont survenues chez des personnes de plus de 75 ans.
Chaque saison, la grippe encombre les urgences, déjà en grande difficulté : 75.000 passages aux urgences concernent cette maladie. "Tous les ans, nous sommes effondrés de voir des personnes âgées attendre sur des brancards", a déploré la ministre de la Santé.
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Eviter des décès grâce au vaccin
On estime que la vaccination contre la grippe permet d'éviter 2.000 décès chaque année. Si 63% des personnes à risque étaient vaccinées par ailleurs, on compterait 2.500 morts de moins chaque saison. En cette rentrée, les vaccins seront pour l'essentiel quadrivalents, avec deux virus A et de deux virus B, en accord avec les recommandations de l'OMS.
Pour récupérer son vaccin, il suffit de se rendre à la pharmacie et de présenter un bon de prise en charge à 100% par l'Assurance maladie. La vaccination pourra ensuite être faite par un médecin, un infirmier ou une sage-femme. Dans certaines régions par ailleurs (Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle Aquitaine, Occitanie), il est possible de se faire vacciner en pharmacie. Cette possibilité sera étendue à toute la France dès 2019.
Le "vaccin homéopathique" n'existe pas
Si 70% des Français savent que le vaccin est le premier geste de protection contre la grippe selon une enquête BVA, 52% pensent que le vaccin peut donner la grippe. Cela est bien entendu faux : le vaccin peut, au pire, occasionner une douleur au point de piqûre et un mal de tête temporaire. Comme l’explique Daniel Lévy-Bruhl, responsable de la vaccination à Santé Publique France, "en aucun cas le vaccin ne peut donner la grippe car c'est un bout de virus tué, et non un virus vivant".
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Il est également important de noter que le "vaccin homéopathique" n’existe pas, malgré ce qu’affirment certaines publicités. Il n’entraîne en effet la production d’aucun anticorps lié de près ou de loin à la grippe ou à une maladie à "états grippaux", et n’a jamais démontré réduire en quoi que ce soit la probabilité de contracter la grippe. L’Agence nationale du médicament s’est exprimée sur le sujet en novembre 2016, et a rappelé que "ces médicaments homéopathiques ne peuvent être considérés comme des vaccins et se prévaloir de la désignation de « vaccins homéopathiques ». Leur utilisation à la place du vaccin anti-grippal constitue une perte de chance, notamment chez les personnes à risque de complications".
"Il n'y a pas de vaccin homéopathique, je m'insurge", a pour sa part martelé la présidente de l'Ordre des pharmaciens Carine Wolf-Thal. Celle-ci "invite les conseils régionaux (de l'Ordre des pharmaciens) à porter plainte s'ils reçoivent de telles publicités".