Inceste : des séquelles à vie ?
À 77 ans, je suis toujours dans le traumatisme de l'inceste subi enfant, qui a bousillé ma vie.
Les réponses avec le Dr Aurore Sabouraud, psychiatre, et avec Isabelle Aubry, présidente de l'association internationale des victimes de l'inceste :
"Si on a 50 ans, les séquelles ont eu le temps de se développer. La vie est orientée par rapport à ce traumatisme. On traite des patients de n'importe quel âge, au moins ils peuvent retrouver la liberté dans l'avenir, comprendre ce qui s'est passé et pouvoir être déculpabilisés. L'inceste est une agression qui arrive durant l'enfance donc à un moment où le cerveau, la représentation du monde et la relation avec les autres sont encore en pleine expansion. Tout cela doit se faire dans un climat de respect, de bienveillance et de sécurité. La violence sans inceste, sans acte sexuel est aussi défavorable pour le développement de l'enfant. Il va se créer des schémas, des peurs permanentes qui vont orienter sa vie.
"Il y a beaucoup de tentatives de suicide, d'automutilation… Ce sont aussi les phénomènes de dissociation. On a mal mais on cherche à maîtriser cette douleur en se faisant mal. Soit en faisant mal à l'autre, soit en se faisant mal à soi-même (scarifications, brûlures de cigarette, tentatives de suicide…). C'est la raison pour laquelle concernant la prescription, les choses durent toute la vie et peuvent se développer toute la vie."