Bleu de méthylène : un remède toujours d'actualité
Le bleu de méthylène est un colorant particulièrement puissant qui a de nombreuses vertus chimiques. Autrefois utilisé comme antiseptique, ce remède de grand-mère tombé en désuétude vient d'être purifié par une entreprise marseillaise. Il a même obtenu durant l'été 2016 une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis. Retour sur l'histoire du bleu de méthylène.
Quelques atomes de carbone, de l'hydrogène et un atome de soufre… le bleu de méthylène est une molécule synthétisée pour la première fois en 1876 par un chimiste allemand, Heinrich Caro. À l'époque, on lui prêtait déjà de nombreuses propriétés pharmacologiques même si elles n'ont pas toujours été prouvées contre le paludisme ou comme antiseptique.
De par sa structure chimique, le bleu de méthylène "chélate", c'est-à-dire qu'il emprisonne une petite partie des métaux utilisés lors de sa fabrication industrielle. Un laboratoire pharmaceutique marseillais a réussi il y a quelques années à purifier la substance. Leur idée : ajouter un composé chimique à la molécule pour libérer les métaux lourds potentiellement toxiques et reconstituer le bleu.
Le traitement de référence des méthémoglobinémies
Mais même avant sa purification, le bleu de méthylène était disponible dans toutes les pharmacies hospitalières car il est le traitement de référence pour les méthémoglobinémies, des intoxications graves du sang. Aujourd'hui en France, la première cause de méthémoglobinémie, c'est la consommation de poppers, un vasodilatateur utilisé comme excitant sexuel et vendu dans les sex-shops. Heureusement, les intoxications sont relativement rares. Mais en cas d'empoisonnement, il faut savoir détecter les symptômes (difficulté à respirer, augmentation de la fréquence respiratoire, coloration de la peau qui devient bleue…) et se rendre au plus vite à l'hôpital pour se faire injecter du bleu de méthylène.
Des études sont en cours pour étudier scientifiquement les effets du bleu de méthylène sur d'autres maladies comme le paludisme. Il pourrait aussi être utilisé comme marqueur pour détecter certains cancers. Cent quarante ans après sa création, le bleu de méthylène semble donc toujours d'actualité.