Retrait du Myolastan® : que vont faire les patients ?
Le Myolastan® et ses génériques ont commencé à être retirés du marché ce lundi. Les consommateurs de ce décontracturant musculaire sont invités à rapporter leurs boîtes dans les officines. L'Agence du médicament précise que le sevrage des patients ne devrait pas poser de problème car, en principe, le tétrazépam, molécule active du médicament, est utilisé sur de courtes périodes.
Entre six à sept millions de boîtes vendues en France en 2012. Le retrait du marché du Myolastan® et de ses génériques devrait laisser un sentiment de vide à de nombreux patients. Malgré des effets secondaires cutanés rares mais graves et parfois mortels, ce décontracturant musculaire était largement utilisé pour traiter les douleurs lombaires consécutives à des lumbagos, des sciatiques ou des hernies discales.
Pour autant, selon le rhumatologue Patrick Sichère, le Myolastan® ne devrait pas manquer dans l'arsenal thérapeutique. "Aucun médicament en France, dit décontracturant, n'a démontré un véritable effet décontractant", affirme le praticien attaché à l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93).
De la famille des benzodiazépines
Le tétrazépam appartient à la famille des benzodiazépines, la famille des anxiolytiques. "Le tétrazépam a un effet sur l'anxiété. Le patient se relaxe, il dort et ainsi, il a l'impression de se décontracter", indique Patrick Sichère. "Mais à long terme, poursuit-il, les benzodiazépines ont des effets délétères sur le sommeil paradoxal du patient et sur la survenue de la douleur".
Pour le rhumatologue Patrick Gepner, attaché à l'hôpital Foch de Suresnes (92), le retrait du médicament est autrement plus embêtant. "Je donnais principalement ce médicament pour contrer l'effet excitant des corticoïdes souvent associés dans le traitement des pathologies lombaires. Le Myolastan® était donc utile pour aider les patients à bien dormir. Or bien dormir, c'est essentiel pour lutter contre les douleurs lombaires".
Pas d'effet d'accoutumance
Depuis décembre 2011, le Myolastan® n'est plus remboursé par la Sécurité sociale car le bénéfice pour le patient est jugé faible par les autorités de santé. Il est à présent définitivement retiré du marché pour suivre une recommandation européenne. Mais l'Agence du médicament rappelle qu'il ne devrait pas avoir d'effet d'accoutumance au Myolastan® car ce traitement est indiqué sur de courtes périodes.
"Ça va poser des problèmes pour certains patients qui en utilisaient pour traiter des douleurs chroniques", indique le Dr Patrick Gepner. "À certaines doses, il y a tout de même un risque d'accoutumance".
Selon le Pr Jean-François Bergmann, chef du département de médecine interne à l'hôpital Lariboisière à Paris, "pour les rares patients qui ne pourraient se passer de décontracturant musculaire, ils peuvent très bien utiliser un autre médicament de la famille des benzodiazépines, comme le Valium®, qui ne présente pas les mêmes risques d'effets secondaires".
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