Fermeture de l'Hôtel-Dieu : l'AP-HP conteste le report
Le conflit autour de la reconversion de l'hôpital parisien, l'Hôtel-Dieu, a rebondi jeudi 1er août avec la mise en garde du Pr Capron, autorité médicale de l'AP-HP, contre le risque sanitaire à maintenir les urgences, dont la fermeture pourtant décidée a été repoussée par Marisol Touraine.
"La loi m'ordonne de parler. Je le fais aujourd'hui solennellement. Ceux qui refuseront de m'entendre doivent, comme moi, être disposés à s'en justifier le jour venu", a déclaré dans un long communiqué à l'AFP le professeur Loïc Capron, président de la Commission médicale d'établissement (CME), sorte de parlement des médecins où sont avalisées les décisions médicales concernant les 37 hôpitaux de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
La qualité des soins menacée
"Maintenir ce service d'accueil des urgences (SAU) serait flouer les Parisiens, de manière irresponsable et condamnable, en les mettant à la merci d'un accident grave dû à l'insuffisance de moyens", a-t-il affirmé, précisant que le code de la santé publique "confie au président de la CME la charge d'améliorer la qualité et la sécurité des soins".
Or, rappelle-t-il, la CME a décidé par un vote en novembre 2012 de fermer le service des urgences car "il ne possède plus l'environnement exigé pour soigner correctement les malades".
La date de fermeture prévue était le 4 novembre. Mais, début juillet la ministre de la Santé Marisol Touraine a décidé de la repousser à une date indéterminée mais probablement postérieure aux élections municipales de mars 2014.
Une reconversion de grande ampleur
Pour la direction générale de l'AP-HP et la CME, la fermeture des urgences s'inscrit dans un ambitieux projet de reconversion de l'hôpital historique, situé à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, pour en faire un "hôpital universitaire de santé publique", c'est-à-dire sans lits mais axé sur la médecine générale (maison médicale ouverte 24 heures sur 24), la formation, la recherche et la santé publique.
Le projet, d'un coût de 150 millions d'euros, doit être autofinancé par la vente du siège actuel de l'AP-HP, près de l'Hôtel de Ville, le nouveau siège étant transféré à l'Hôtel-Dieu.
Mais la CGT et un urgentiste, le Dr Gérald Kierzek, ont organisé une résistance au projet, politiquement et médiatiquement efficace, mettant en avant les risques d'une fermeture d'un service d'urgences dans le coeur touristique de Paris. Le Dr Kierzek cherche à promouvoir un projet alternatif, préconisant de recréer un hôpital de proximité.
Le conflit a vite pris une tournure politique à quelques mois des élections municipales.
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