Un détartrage régulier pour un coeur plus fort
D’après une étude épidémiologique, menée sur plus de 100 000 personnes, par des cardiologues de Taïwan, se faire nettoyer et détartrer les dents régulièrement diminue le risque de crise cardiaque et d’attaque cérébrale.
Présentée lors de la Conférence 2011 de l'American Heart Association, réunie à Orlando (Floride, USA), l'étude fait état d'une diminution de 24 % du risque de crise cardiaque et de 13 % du risque d'accident vasculaire chez les personnes qui effectuent un détartrage des dents régulier (au moins une fois par an) chez le dentiste.
Une hygiène buccale contre les risques cardio-vasculaires
Cette étude n'est pas la première à faire le lien entre l'hygiène buccale et la diminution des risques cardiovasculaires. Les évidences épidémiologiques à ce sujet s'accumulent depuis une vingtaine d'années. Soyons un brin chauvins et citons, par exemple, l'étude réalisée par Sandrine Delbosc en 2011, publiée dans la revue PLoS ONE, qui mettait en évidence le lien entre la progression de l'anévrisme de l'aorte abdominale, et les bactéries parodontites.
Relevons toutefois l'ampleur de cette nouvelle étude, qui a porté sur plus de 50 000 personnes pendant une moyenne de sept ans. "La protection contre les maladies cardiovasculaires et des accidents vasculaires cérébraux était plus prononcée chez les participants qui se sont fait détratrer les dents au moins une fois par an", a expliqué le Dr Emily Zu-Yin Chen, cardiologue à l'Hôpital général des anciens combattants de Taïpei, un des principaux auteurs de ces travaux.
Les bactéries gingivales s'immiscent dans la circulation sanguine
"Les parodontites, ces infections des gencives responsables du déchaussement dentaire peuvent aussi passer par la circulation sanguine. Ces bactéries vont alors agir directement sur les vaisseaux sanguins et se fixer sur leurs parois et ainsi favoriser le rétrecissement des artères", explique Hélène Rangé, doctorante à l'Inserm.
Certains médecins spécialistes refusent toutefois de tirer des conclusions trop alarmistes de cette étude. "Si les bactéries de bouche ont un effet néfaste sur les valves du cœur, il peut surtout y avoir un risque cardiovasculaire s'il y a déjà une prédisposition chez le patient, dûe par exemple à l'âge, à la sédentarité ou à l'hypercholestérolémie."
Diagnostiquées par le dentiste, les parondontites touchent 50 % des adultes, en particulier les plus de cinquante ans. Ces infections se manifestent en général par un déchaussement dentaire, des gencives douloureuses ou encore des saignements chroniques.