Anévrisme aortique : opérer avant la rupture
L'aorte est la plus grosse artère de l'organisme... Autant dire qu'en cas de rupture, on a peu de chances de s'en sortir. L'une des principales causes de ce genre d'accident est l'anévrisme. Lorsqu'il a été repéré, comment peut-il être consolidé ?
Qu'est-ce qu'un anévrisme de l'aorte ?
L'aorte est la plus grosse artère du corps humain. Parfois, sa paroi peut se dilater et former une poche : c'est ce qu'on appelle un anévrisme. S'il vient à se rompre, la mort peut survenir en quelques secondes.
L'aorte part du ventricule gauche du coeur et prend la forme d'une canne appelée crosse aortique. De là partent les artères carotides et sous-clavières qui irriguent respectivement le cerveau et les bras. L'aorte descend ensuite le long de la colonne vertébrale dans l'abdomen. De là partent les deux artères rénales, droite et gauche. Puis, l'aorte se divise en deux branches : les artères iliaques droite et gauche qui irriguent les jambes.
Lorsqu'une partie de la paroi de l'aorte se dilate, on parle d'anévrisme. Les causes principales sont des dépôts de plaques de graisse sur la paroi de l'artère, le tabac ou encore l'hypertension artérielle. La dilatation peut être localisée tout au long de l'aorte. Le plus souvent, l'anévrisme concerne la partie abdominale de l'aorte.
Mais il peut aussi se situer dans sa partie thoracique, sur la crosse aortique. Lorsque l'anévrisme est trop important, il faut absolument opérer car il peut se rompre à tout moment.
La méthode conventionnelle consiste à faire une incision au niveau de l’abdomen, à ouvrir l’anévrisme, à retirer le caillot et à remplacer l’aorte malade par une prothèse chirurgicale.
Cette intervention est lourde et tous les patients ne peuvent pas la supporter. Il existe une autre méthode beaucoup moins invasive : la pose d’une endoprothèse en passant par l’artère fémorale dans le pli de l’aine.
Des prothèses conçues sur mesure
Dans le service de chirurgie vasculaire et endocrinienne de l'hôpital Henri-Mondor est développée une nouvelle stratégie thérapeutique des anévrismes aortiques. Pour cette intervention particulière, la confection d'une prothèse sur mesure dans le bloc opératoire est une étape délicate.
Chirurgie endovasculaire : moins invasive
L'anévrisme de l'aorte abdominale touche essentiellement les hommes de plus de 60 ans. Lorsque l'anévrisme dépasse les cinq centimètres de diamètre, il faut absolument opérer car il grossit inéluctablement et menace de rompre à tout moment.
Une rupture d'anévrisme est bien évidemment dramatique car elle est mortelle dans plus de 80% des cas.
Pour opérer un anévrisme de l'aorte, il existe deux techniques opératoires qui seront choisies en fonction de la gravité et la localisation de l'anévrisme.
La méthode chirurgicale conventionnelle se déroule à coeur ouvert et nécessite de dériver le sang du patient afin de pouvoir retirer le segment d'artère malade et le remplacer par une prothèse. Cette intervention est lourde et tous les patients ne peuvent pas la supporter. Pour les plus fragiles, une autre méthode beaucoup moins invasive est possible.
Il s'agit de la méthode endovasculaire durant laquelle le chirurgien n'ouvre pas le patient mais passe par l'artère de la cuisse pour placer une prothèse dans l'artère au niveau de l'anévrisme. C'est une technique beaucoup moins invasive qui permet de quitter l'hôpital dès le lendemain, ce qui n'est pas le cas pour la méthode classique. Elle demande tout de même un suivi régulier avec des imageries de contrôle pour vérifier notamment l'absence de fuites.
Devancer la rupture et éviter les fuites
L’anévrisme peut rester silencieux pendant des années. Quand il n’est pas détecté, sa rupture entraine le décès du patient dans la grande majorité des cas : 2 000 décès chaque année en France.
Après une telle opération, les patients doivent être suivis régulièrement pour s’assurer notamment que la prothèse ne présente pas de complications.
L'échographie abdominale reste le meilleur examen pour dépister un anévrisme de l'aorte abdominale... Lorsque l'anévrisme est sur le point de rompre, des douleurs abdominales ou dorsolombaires peuvent apparaître, mais la plupart du temps il n'y a pas de symptômes...
Le risque de fuites constitue le principal inconvénient de l'endoprothèse car ces fuites peuvent mener jusqu'à la rupture et il faut donc de nouveau intervenir. Cela concerne tout de même 20 à 40% des patients mais la plupart des réinterventions ne nécessitent ni anesthésie générale ni incision chirurgicale.