Test du pouce et risque d'anévrisme : vrai ou fake ?
Une vidéo TikTok sur le test du pouce fait le lien entre carence en collagène et anévrisme de l'aorte. Le Pr Fabien Koskas, chirurgien vasculaire, nous éclaire sur cette rumeur.
Sur TikTok, la vidéo a affolé de nombreux internautes. Un médecin américain a semé la panique en affirmant qu'un test du pouce permettait de prédire le risque d'anévrisme de l'aorte. Plus précisément, le test consiste à tendre sa main, paume face à soi, et à refermer le pouce en direction de l'autre côté, vers l'auriculaire.
Selon l'urgentiste, si le pouce dépasse de la paume, c'est le signe d'une carence en collagène. Et celle-ci pourrait provoquer un anévrisme, d'où les vives réactions des utilisateurs de TikTok. Depuis, la vidéo a été retirée.
Pour rappel, l'anévrisme désigne une dilatation anormale d'une artère, pouvant mener à une rupture. La rupture d'anévrisme se caractérise par une hémorragie pouvant être mortelle. Elle peut avoir lieu dans plusieurs zones du corps mais touche essentiellement le cerveau et l'abdomen.
Collagène et protéines élastiques : quelle différence ?
Pour le Pr Fabien Koskas, chirurgien vasculaire, il est réducteur d'associer le test du pouce réussi à un risque quasi systématique d'anévrisme. Tout d'abord, il explique la confusion très fréquente entre le collagène et les protéines élastiques.
"Le collagène représente une protéine de structure. Ce sont les protéines élastiques qui confèrent la souplesse, comme le nom l'indique", explique le spécialiste. On en compte une dizaine, qui assurent "la partie élasticité de la paroi des vaisseaux".
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Des anévrismes en fonction de la génétique
Pour comprendre la différence entre les deux, le Pr prend l'exemple d'une voiture. "Le pneu joue le rôle de l’élastique et la jante, celui du collagène". Ainsi, "lorsque le pneu est crevé ou dégonflé, vous roulez sur la jante". De manière identique, lorsque les protéines élastiques ne sont plus fonctionnelles, elles transmettent leur fonction au collagène.
Le problème, c'est que le taux de renouvellement des protéines élastiques est très faible une fois adulte. Et cela dépend de chaque personne. "En fonction de la génétique, certains ont de la chance et d’autres souffriront d'anomalies menant à des anévrismes déjà à 20 ou 30 ans", explique encore le Pr Fabien Koskas.
Le test du pouce est-il fiable ?
"Il faut bien comprendre que l'anévrisme est une maladie de protéines élastiques", poursuit le professionnel. En revanche, il est vrai que le test du pouce peut s'avérer positif dans le cadre de certaines maladies touchant les protéines élastiques justement, comme le syndrome de Marfan.
Il existe bien des maladies du collagène, comme le syndrome d'Ehlers-Danlos, "mais ce sont plutôt des ruptures artérielles - des trous - qui sont constatés, plus que des anévrismes".
Et si vous arrivez à faire le test du pouce, pas de panique : "les personnes qui sont hyperlaxes ne vont pas forcément développer des anévrismes", rassure le Pr Fabien Koskas. Si c'est votre cas, n'hésitez pas à consulter un médecin.
