Seringues, gants, blouses... quand les déchets des hôpitaux sont utilisés pour se chauffer
La France compte 700 000 tonnes de déchets hospitaliers chaque année. L'hôpital Foch en région parisienne a décidé de les recycler pour leur donner une nouvelle vie et alimenter le réseau de chauffage urbain.
Gants stériles, blouses, pansements, cathéters... À l'hôpital Foch, à Suresnes (92), les déchets liés aux soins remplissent l’équivalent de 9 000 poubelles chaque année. Parmi les services les plus polluants : le bloc. Entre le sang, les virus et les bactéries qu'ils contiennent, les nombreux déchets peuvent être dangereux. Leur gestion est donc un challenge pour l’hôpital.
Des déchets broyés puis stérilisés
"Les déchets à risques infectieux représentent 25 % de nos déchets, donc c'est une production qui est énorme à l'année. C'est un enjeu pour nous puisqu'on est responsables de nos déchets, du début à la fin. On doit les traiter de manière optimisée. On a fait le choix à l'hôpital, de s'équiper et d'être autonome sur le traitement et la banalisation de ces déchets d'activité de soin", explique Julie Swaenepoel, directrice qualité, risques et logistique à l'hôpital Foch.
L’hôpital, pionnier depuis quelques semaines, ne traite plus ses déchets à risque à l’extérieur, mais directement dans son sous-sol, grâce à deux machines capables de les transformer.
Une sorte de micro-onde et mixeur géant stérilise grâce à la chaleur et broie des dizaines de sacs-poubelles. En quelques minutes, les déchets sont métamorphosés.
Réduire le volume des déchets de 80 %
"Tout est du compost sorti de la machine, tout est stérilisé", explique Michael Ouchne, technicien.
Les pansements, seringues ou bistouris sont devenus une espèce de matière cotonneuse. Leur volume a réduit drastiquement, de 80 %. Leur dangerosité et leur empreinte carbone aussi.
"Concrètement, on a de gros camions qui venaient tous les jours, six fois par semaine, uniquement pour nous. Aujourd'hui, on va pouvoir optimiser nos collectes, ce qui fait qu'en termes d'empreinte carbone, on est largement gagnant", commente Julien Lagarde, responsable des services généraux à l'hôpital Foch.
Alimenter les réseaux de chauffage urbain
Moins de transports et des déchets qui deviennent des ressources. "C'est un déchet en plus qu'on va utiliser à d'autres fins. Ça veut dire qu'on va l'amener d'une part beaucoup plus près et d'autre part, on va bénéficier de son incinération et de l'énergie de l'incinération pour alimenter notamment les réseaux de chauffage urbain", poursuit Julien Lagarde.
C'est un cercle vertueux pour des déchets encore compliqués à traiter. En France, 81 % des déchets à risques infectieux sont encore directement incinérés.