Cinq idées reçues sur la pilule
Il existe de nombreuses idées reçues sur la pilule contraceptive et ses effets sur la santé, mais qu’en est-il vraiment ? On vous éclaire.
Elle reste la première méthode de contraception en France. Mais la pilule fait l'objet de nombreuses idées reçues. Risques, fertilité, pilule du lendemain... décryptage des cinq idées reçues les plus courantes sur cette contraception hormonale.
"Prendre la pilule en continu pour éviter les règles c'est sans danger"
VRAI : "C’est sans danger" rassure le Dr Tamborini, gynécologue à l’Hôpital européen Georges-Pompidou. Mais "toutes les femmes ne le supportent pas. À partir de trois plaquettes consécutives, des petits saignements comme les spottings peuvent apparaître."
Si vous avez une pilule dont les comprimés sont tous de la même couleur, donc identiques, vous pouvez prendre deux plaquettes à la suite de façon ponctuelle à votre convenance (vacances, randonnée, examen, etc).
"La pilule provoque des caillot sanguins"
VRAI MAIS TRÈS RAREMENT : La pilule estroprogestative présente un risque minime de thromboses veineuses ou artérielles (obstruction d’une veine ou d’une artère par un caillot). Comme tout médicament, il est vrai que la pilule comporte une liste d’effets secondaires possibles. Néanmoins, le risque de thrombose est significatif lorsque l’on multiplie les facteurs de risques, comme le tabagisme, un antécédent d'AVC, etc.
Le tabagisme représente un facteur de risque majeur et avec l’âge le risque de thrombose augmente. Pour cette raison, après 35 ans, le tabagisme est une contre-indication dans la prise. La pilule exclusivement progestative, aussi appelée pilule microprogestative, représente dans ce cas une alternative, de même que le stérilet.
"Oublier un comprimé est sans risque"
FAUX : Compte-tenu de sa triple action contraceptive (blocage de l’ovulation, action anti-glaire et effet sur l’endomètre), la pilule estroprogestative peut conserver une certaine efficacité en cas d’oubli mais un accident devient possible.
Si l’oubli est inférieur à 12 heures, il n’y a aucun risque. Il faut prendre la pilule dès que l’on s’en aperçoit puis continuer jusqu’à la fin de la plaquette à l’horaire habituel.
Si l’oubli est supérieur à 12 heures, il y a un risque de grossesse, surtout la première semaine de la plaquette. Il faut immédiatement prendre le comprimé oublié (prendre deux pilules en une seule fois ne pose aucun problème), puis continuer normalement jusqu’à la fin de la plaquette. Il faudra utiliser des préservatifs durant les sept jours qui suivent l’oubli. Si vous avez eu des rapports sexuels durant les sept jours précédant l’oubli, la pilule du lendemain doit être prise en plus de la pilule habituelle.
Pour la pilule progestative, attention le délai est de trois heures !
"La pilule rend stérile"
FAUX : "C'est une légende à laquelle il faut tordre le coup", s'emporte le Dr Tamborini. "La pilule ne rend pas stérile. Il faut savoir cependant qu'à l’arrêt de la pilule, les premiers cycles peuvent être irréguliers, surtout si vous étiez mal réglée auparavant", pousuit-il. Il est donc tout à fait possible de devoir patienter quelques mois avant qu’une grossesse ne survienne.
"La pilule du lendemain est dangereuse"
FAUX : La pilule du lendemain est uniquement progestative. Selon le moment de sa prise, elle bloquera l’ovulation si le rapport a eu lieu avant l’ovulation ou elle empêchera que l’œuf aille se nicher dans la paroi de l’utérus si le rapport a eu lieu après l’ovulation.
"La pilule du lendemain est en vente libre sans ordonnance, même pour les mineures, et dans toutes les pharmacies, ce n’est absolument pas dangereux", déclare le gynécologue. Le pharmacien n’a pas le droit de refuser la délivrance d’une contraception d’urgence.
La pilule du lendemain n’est pas "sur-dosée" contrairement à ce qui est souvent répété, elle agit seulement selon un mécanisme différent.
"Cependant, elle doit rester exceptionnelle dans la mesure où elle n’est pas totalement efficace. Plus la prise sera éloignée du rapport non protégé, plus l’efficacité sera limitée. Elle ne remplace en aucun cas une méthode de contraception au long cours", précise enfin le Dr Tamborini.