Maladie de Lapeyronie : le pénis coudé
La maladie de Lapeyronie se caractérise par une courbure de la verge. Peu connue, cette pathologie touche pourtant 3 à 9% des hommes, généralement à la cinquantaine.
Qu'est-ce que la maladie de Lapeyronie ?
La maladie de Lapeyronie peut fortement perturber la vie sexuelle, d'où l'importance de la diagnostiquer dès les premiers signes. Cette maladie porte le nom de celui qui l'a découverte au XVIIIe siècle : François Gigot de Lapeyronie, chirurgien de Louis XV. En 1743, il est le premier à publier un article scientifique décrivant précisément des cas de "tumeurs dures" de la verge provoquant une courbure de la verge en érection.
Cette courbure de la verge est due à une perte d'élasticité au niveau de l'albuginée, l'enveloppe qui renferme les corps caverneux du pénis, des tissus spongieux et extensibles. La perte d'élasticité est due à une fibrose, c'est-à-dire la transformation fibreuse de l'enveloppe des corps caverneux. Dans la majorité des cas, les plaques fibreuses se localisent au niveau dorsal du pénis, ce qui entraîne une incurvation vers le haut. L'angulation peut aller de quelques degrés à plus de 90 degrés.
Les causes expliquant l'apparition de ces plaques dans la verge sont variées. Il peut s'agir de micro-traumatismes qui surviennent au cours de la vie sexuelle ou d'une altération des vaisseaux qui irriguent la verge, altération due à certaines maladies comme le diabète. Enfin, deux autres pathologies prédisposent à la maladie de Lapeyronie : la maladie de Dupuytren, qui induit une contraction de la membrane située entre les tendons fléchisseurs des doigts, et la maladie de Ledderhose qui touche les pieds.
L'évolution de la maladie de Lapeyronie se fait sur 12 à 18 mois, généralement en deux phases : une première phase inflammatoire avec des douleurs à l'érection et une seconde phase avec déformation chronique de la verge.
Maladie de Lapeyronie : une injection pour redresser le pénis
Pendant longtemps, les traitements ont été limités et il fallait en passer par la chirurgie quand la courbure du pénis était trop importante. Mais depuis janvier 2017, les choses ont changé. Venu des Etats-Unis, le Xiapex est le premier médicament autorisé en France pour la maladie de Lapeyronie en cas de courbure supérieure à 30 degrés.
Ce médicament qui coûte 850 euros n'est actuellement pas remboursé et l'injection doit être effectuée par un médecin dûment formé à cette technique. Le médicament casse les fibres de collagène présentes dans la verge pour assouplir les plaques de fibrose et réduire la courbure. Après l'injection, le patient doit éviter les rapports sexuels pendant dix jours.
Les premières évaluations du Xiapex ont montré une récupération de 20 degrés d'angulation, mais pour six patients sur dix uniquement.
Maladie de Lapeyronie : quand il faut opérer
Si les injections de Xiapex ne suffisent pas, il faut recourir à la chirurgie. L'intervention consiste à retirer la plaque fibreuse à l'origine de la courbure.
Pour compenser la perte de volume provoquée par la maladie de Lapeyronie et accentuée par la dissection du chirurgien, un greffon dont la matière agit comme une éponge, est inséré dans le creux. Les cellules du patient le colonisent ensuite pour qu'il s'intègre parfaitement.
Pour retirer la plaque fibreuse et rééquilibrer la verge, le chirurgien doit absolument préserver les nerfs qui tapissent la zone car l'intervention peut provoquer une perte de sensibilité.
Après l'intervention, pour permettre à sa verge de cicatriser de façon rectiligne, le patient doit pendant sa convalescence provoquer artificiellement son érection grâce à une pompe à vide.