Doigts figés : la maladie de Dupuytren ?
Des doigts qui se contractent, une main qui se déforme progressivement, c'est la conséquence de la maladie de Dupuytren. En France, 2% des hommes de plus de 40 ans sont touchés par cette affection.
La main : ça fonctionne comment ?
Votre doigt se rétracte tout seul et se fige dans une position de flexion permanente, le tout sans aucune douleur... Vous souffrez peut-être de la maladie de Dupuytren. Dupuytren est le nom du chirurgien qui a décrit la maladie pour la première fois dans les années 1830.
On l'appelle aussi parfois "la maladie des Vikings" car elle touche majoritairement les hommes d'Europe du Nord, de plus de 40 ans. La maladie de Dupuytren est pratiquement inexistante en Afrique et en Asie. Ce qui laisse penser que les causes sont génétiques.
Si on ne connaît pas vraiment la cause de cette maladie, on en connaît en revanche parfaitement le mécanisme. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'un problème de tendon.
La main est un organe particulièrement complexe. Elle est formée d'os, de tendons, de ligaments, de muscles, et de nerfs. Il y a aussi l'aponévrose palmaire, une structure fibreuse qui est située entre la peau et les tendons fléchisseurs. Dans la maladie de Dupuytren, cette aponévrose se rétracte progressivement.
La maladie entraîne l'apparition de petites boules, des nodules, et des bandes de tissus appelées brides. En se rétractant, ces nodules et ces brides entraînent la flexion des doigts. Si rien n'est fait, au bout de quelques années, la flexion peut devenir totale et la main peut se refermer complètement. Le traitement consiste à retirer ou casser les brides et les nodules.
Maladie de Dupuytren : l'aponévrotomie percutanée à l'aiguille
À l'heure actuelle, il n'existe aucun traitement pour freiner la maladie de Dupuytren. Mais plusieurs interventions permettent aux doigts de retrouver leur souplesse.
Il existe plusieurs techniques d'intervention. L'une d'elles s'appelle l'aponévrotomie percutanée à l'aiguille. Cette méthode non invasive consiste à sectionner les brides avec une aiguille.
Le médecin opère sous anesthésie locale. Il repère les brides en palpant la main et à l'aide de l'aiguille, puis les sectionne par des mouvements de va-et-vient. Le médecin finit par étendre le doigt pour rompre complètement la bride. Mais cette méthode ne permet pas d'extraire les tissus malades, et le risque de récidive est plus grand.
Maladie de Dupuytren : l'aponévrectomie
Pour retirer complètement la bride, la seule solution est la chirurgie : l'aponévrectomie. Les conséquences de cette intervention sont assez lourdes. Durant les quinze premiers jours qui suivent l'intervention, la main doit être immobilisée, en position ouverte, à l'aide d'une attelle.
Il existe enfin une troisième méthode : l'injection de collagénase directement dans l'aponévrose. Cette enzyme "dévore" le collagène contenu dans les brides et les rompt. Cette méthode n'est pas encore disponible en France car les études manquent et le traitement est très coûteux.
Recommandations post-opératoires et prévention
Après une aponévrectomie, la main est immobilisée en position ouverte pendant une quinzaine de jours au moyen d'une attelle. Rapidement, le patient doit impérativement suivre des séances de rééducation. Le but de ces séances est de consolider l'extension acquise grâce à la chirurgie et d'assouplir et remuscler les doigts. La rééducation est une étape primordiale pour que les doigts ne se contractent pas à nouveau spontanément.
Massages de cicatrice, ionisations... pour récupérer complètement, deux à six mois de kinésithérapie à raison de trois séances par semaine sont nécessaires.
Prévention. En fonction du nombre de doigts opérés et de leur degré de rétraction, l'opération peut être parfois assez lourde. Pour être sûr de retrouver toute la mobilité de la main, mieux vaut consulter dès les premiers signes de la maladie (en général, dès que des nodules (petites boules) apparaissent sous la peau de la paume). Une intervention précoce offre plus de chances de récupérer la mobilité de la main.