« Cancer du bitume » : maladie professionnelle ?
De nouveaux experts ont estimé devant la cour d’appel de Lyon que le cancer de la peau d’un ancien ouvrier de la société Eurovia (Groupe Vinci), spécialiste du BTP, avait une origine professionnelle.
Les experts lui ont de nouveau donné raison. La veuve d'un ancien ouvrier du bitume, M. Andrade, mort en 2008 d'un cancer de la peau à 56 ans, avait assigné en justice l'employeur Eurovia, spécialiste du BTP, pour "faute inexcusable".
Il y a quelques jours, le Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP) de Dijon a établi "l'origine professionnelle de la maladie caractérisée essentiellement et directement causée par le travail habituel", selon un document que s'est procuré l'AFP.
"L'intéressé a été exposé de façon habituelle aux UV générés par le rayonnement solaire du fait de ses activités en extérieur" et "aux facteurs de risques" que constituent "les goudrons issus de produits houilles", affirme le comité.
"Jusque dans les années 80, le secteur du BTP utilisait des goudrons venus de la houille, qui contenaient une forte concentration en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)", explique le Dr Michel Falcy, toxicologue à l'Institut National de Recherche et Sécurité (INRS). "Quand ils sont inhalés régulièrement, ces HAP (contenus également dans les cigarettes) peuvent provoquer des cancers pulmonaires. Un contact cutané quotidien peut entraîner un cancer de la peau."
Comme toujours dans ce genre de dossier, similaire à celui de l'amiante, l'origine professionnelle d'un cancer est difficile à prouver. Pourtant, déjà en 2010, le Tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) de Bourg-en-Bresse avait fait le lien entre le cancer de cet ancien ouvrier d'Eurovia et les fumées toxiques du bitume.
"Depuis quelques années, les goudrons venus de la houille ont été abandonnés au profit de substances moins toxiques", poursuit Michel Farcy. "On utilise désormais du bitume fabriqué avec du pétrole, où la concentration en HAP est réduite."
C'est l'argument que compte développer l'avocat d'Eurovia, affirmant que M. Andrade "n'a pas été exposé aux huiles et aux goudrons". La chambre sociale de la cour d'appel de Lyon doit examiner une nouvelle fois le dossier le 27 mars 2012.
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