Mélanome : le plus redouté des cancers de la peau
Le mélanome représente aujourd'hui moins de 10% des tumeurs cutanées (plus de 15.000 nouveaux cas par an) mais 75% des décès liés aux cancers de la peau. Les campagnes de prévention le rappellent, il faut limiter l'exposition solaire et améliorer le dépistage.
- Comment apparaît un mélanome ?
- Les facteurs de risque du mélanome
- Quels sont les signes d'un mélanome ?
- Diagnostiquer le mélanome
- L'exérèse des grains de beauté suspects
- Du nouveau dans les traitements du mélanome
- Comment surveiller ses grains de beauté
- Les mélanomes bientôt dépistés en pharmacie ?
- En savoir plus
Avec près de 15.000 nouveaux cas chaque année en France (source : Santé publique France), le mélanome est l'un des cancers qui progresse le plus avec un doublement des cas en à peine vingt ans. Une augmentation préoccupante qui s'explique notamment par nos habitudes d'exposition au soleil et aux rayons UV.
Comment apparaît un mélanome ?
Le soleil envoie des rayons invisibles : les infrarouges et les ultraviolets. Les infrarouges émettent de la chaleur alors que les ultraviolets passent inaperçus et sont les plus dangereux. Les UVB et les UVA sont capables de traverser la peau et d'atteindre le coeur des cellules pour provoquer des dommages irréversibles au niveau de l'ADN des cellules. C'est ce qui peut être à l'origine de cancers de la peau. Parmi eux, le mélanome. Il touche des cellules particulières de la peau : les mélanocytes.
La peau est composée de trois couches : l'épiderme, le derme et l'hypoderme. Les mélanocytes sont présents au niveau de la base de l'épiderme. Habituellement, l'exposition au soleil stimule ces cellules afin qu'elles produisent de la mélanine, un pigment qui remplit les cellules à kératine pour donner à la peau une couleur bronzée.
Mais quand l'exposition solaire est intense, certaines cellules à mélanine peuvent devenir anormales. Elles se divisent alors de façon anarchique : c'est le mélanome. Dans 20% des cas, il se développe à partir d'un grain de beauté. Ce dernier peut se présenter comme une tache aux bords irréguliers qui apparaît en surface. La couleur, l'irrégularité de la forme et une augmentation de la taille sont des signes d'alerte pour aller consulter.
Les facteurs de risque du mélanome
L'exposition solaire intense reste le facteur de risque le plus important. Son incidence augmente avec l'âge et les femmes sont un peu plus touchées. Une peau claire, avec les yeux clairs et les cheveux blonds ou roux, constituent le phototype qui a le plus de risque de cancer de la peau (et nécessite une protection solaire importante).
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Quels sont les signes d'un mélanome ?
Le mélanome peut apparaître de façon spontanée sur une peau saine, c'est ce qui arrive huit fois sur dix. Dans les reste des cas, il se développe à partir d'un grain de beauté.
Sur une peau saine, le plus souvent, le mélanome est une petite tache brun foncé, chamois ou de plusieurs couleurs. Il est légèrement en relief, avec une surface un peu rugueuse au toucher. Quant à ses bords, ils sont déchiquetés. Certains mélanomes prennent la forme d'une petite boule et d'autres sont localisés sous l'ongle. On voit alors une petite tache noire.
Lorsque le mélanome se développe à partir d'un grain de beauté, le risque est d'autant plus grand que les grains de beauté sont nombreux et qu'ils mesurent plus de deux centimètres.
Pour le reconnaître, on utilise une technique mnémotechnique dite "ABCDE". "A" pour Asymétrie de la lésion, "B" pour Bords irréguliers, "C" pour la couleur, "D" pour le diamètre et "E" pour l'Evolution.
Diagnostiquer le mélanome
En cas d'exposition au soleil, une protection solaire est indispensable car l'exposition aux rayons UV est la cause principale des cancers de la peau. Parmi ces cancers, le plus grave est le mélanome. Le nombre de cas a triplé ces vingt dernières années et le mélanome touche aujourd'hui près de 11.000 personnes par an.
Lorsqu'un mélanome est découvert, la rapidité de la prise en charge est très importante. Des examens sont indispensables pour que le patient reçoive le traitement le plus adapté. C'est ce que l'on appelle le bilan d'extension, qui permet de vérifier si le mélanome s'est étendu dans le corps.
Les différents stades du cancer sont, par ordre de gravité :
- le stade 1, atteinte locale 'in situ', sans métastases
- le stade 2, atteinte des tissus environnants, sans métastases.
- le stade 3 : métastases locales et régionales
- le stade 4: métastases à distance.
L'exérèse des grains de beauté suspects
Quand des grains de beauté sont suspects, le dermatologue procède à leur ablation, afin de les faire analyser et de vérifier qu'ils ne soient pas malins. L'intervention s'appelle une exérèse d'un naevus. C'est une intervention rapide mais délicate surtout quand il s'agit du visage.
Le mélanome doit être traité rapidement, pour éviter qu'il ne s'étende ou donne des métastases. En cas de récidive, ou de métastases, on utilise la chimiothérapie.
Du nouveau dans les traitements du mélanome
Deux nouveaux traitements sont apparus depuis 2011. Ils ralentissent, mais ne soignent pas tous les patients. Dans ces traitements, deux stratégies différentes sont possibles : soit une thérapie ciblée suite à une analyse moléculaire sur la mutation des molécules. Un gène (avec un marqueur identifiable) a été repéré, le BRAF, chez 50% des patients environ. On donne alors une bithérapie à base de 2 médicaments différents : un anti-BRAF et un anti-MEF.
Soit une immunothérapie qui stimule le système immunitaire du patient pour l'aider à combattre les cellules tumorales, et qui fonctionne très bien chez certains malades (à base de de citokines ou de médicaments appelés "inhibiteur du point de contrôle immunitaire", comme le nivolumab ou le penprolizumab) servent à empêcher les cellules cancéreuses de proliférer de façon anarchique.
L'immunothérapie est l'un des traitements les plus prometteurs dans ce domaine. Il est préconisé pour les mélanomes qui ont métastasé et qui sont, par conséquent, à un stade assez avancé. "Ces traitements vont globalement permettre de booster le système immunitaire du patient. Ils vont donc permettre aux lymphocytes du patient d'être actifs et éduqués pour reconnaître les cellules de mélanome", explique le Dr Céline Boutros, oncologue.
Ces traitements permettent de bloquer à 50% le développement des tumeurs et l'espérance de vie est augmentée. Mais ces tumeurs reprennent leur développement au bout d'un certain temps. S'ils ne soignent pas, ces traitements représentent toutefois une grande avancée et un grand espoir pour les médecins.
Comment surveiller ses grains de beauté
Dépister les cancers de la peau, en particulier le mélanome, n'est pas une chose simple. Repérer le grain de beauté qui risque de se transformer en cellules cancéreuses est souvent une histoire de spécialiste. Il est donc essentiel d'aller régulièrement chez son dermatologue surtout si on a des grains de beauté et si on a déjà été opéré d'un mélanome.
Chaque année depuis 10 ans, le syndicat organise une Journée de dépistage anonyme et gratuit des cancers de la peau. Si vous avez un doute sur un grain de beauté ou l'état de vote capital soleil, profitez de cette occasion chaque année pour vous faire examiner des pieds à la tête !
Les mélanomes bientôt dépistés en pharmacie ?
On a parlé de l’importance du dépistage précoce. Pour le faciliter, il est désormais possible de faire appel à son pharmacien. C’est en tout cas la formule testée depuis 15 jours par plusieurs officines.
Le principe est simple : le patient indique au pharmacien le ou les grains de beauté qu'il souhaité faire examiner. Le dermatoscope, un outil bien connu des dermatologues, fait le reste. A la fois caméra et microscope, il permet d'examiner les lésions cutanées plus efficacement qu'à l'œil nu. Pas de diagnostic "Mais attention, souligne Bruno Bader, pharmacien, ce n'est pas une consultation car les pharmaciens ne sont pas habilités à réaliser des consultations". Les informations du dépistage sont transmises à une plateforme où des dermatologues pourront établir un diagnostic.
L'objectif du dispositif est de gagner du temps, car prendre un rendez-vous chez un dermatologue peut prendre plusieurs mois. Or, plus une lésion est dépistée tôt, mieux elle est prise en charge.
Le syndicat national des dermatologue soutien le dépistage en pharmacie. Mais au sein de la profession, ce dispositif est loin de faire l'unanimité. "Le problème est que l'on va analyser uniquement la lésion repérée par le patient, ce qui ne remplace pas un véritable dépistage corps entier effectué par un dermatologue", souligne le Dr Jean-François Sei, dermatologue, membre de la société française de dermatologie. "Le patient peut être rassuré sur cette lésion, mais il pourrait être faussement rassuré car il pourrait y avoir quelque chose d'inquiétant voire de dangereux un peu plus loin sur le corps ou dans le dos", ajoute-t-il.
De ce point de vue, le depistage du mélanome en pharmacie serait donc contre-productif. Et dispendieux, car il faut compter 28 euros l'analyse du premier gain de beauté, 14 euros pour le second, non remboursés par l'Assurance maladie et les mutuelles.
Pour le Dr Sei, un depistage ciblé serait plus efficace : "il faut s'orienter vers le depistage sur des populations à risque pour le mélanome ou le carcinome que l'on a bien identifiées, à savoir des gens qui ont un peau clair, les yeux bleus, les cheveux blonds, beaucoup de grains de beauté, des antécédents familiaux de mélanome ou de carcinome."
Et il y a urgence : chaque année en France près de 80.000 cancers de la peau sont diagnostiqués. Le mélanome est l'un des plus dangereux : 1800 personnes décèdent tous les ans de cette maladie.
En savoir plus
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