L'immunothérapie : le nouvel outil de la lutte contre le cancer
Présentés à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), deux essais cliniques menés par des laboratoires concurrents montrent l'intérêt des immunothérapies contre différents cancers parmi les plus mortels. Le principe de cette technique : doper les cellules immunitaires pour combattre la tumeur.
Nos défenses naturelles n'aiment pas les étrangers. Tout ce qui est reconnu comme tel dans l'organisme est appelé à être détruit. C'est le cas des cellules cancéreuses que nos cellules immunitaires, les lymphocytes, combattent chaque jour. Jusqu'à ce que la tumeur prenne le dessus.
La stratégie choisie ces dernières années par les chercheurs est donc d'essayer de doper les lymphocytes afin de les aider dans leur lutte contre la tumeur en formation. Combattre le mal de l'intérieur et avec nos propres armes, c'est le principe de l'immunothérapie anti-cancer.
Réduction de 38% de la tumeur
On connaît aujourd'hui certains mécanismes qui annihilent l'action des lymphocytes. Il s'agit donc de s'attaquer à ces mécanismes pour soutenir le combat de nos cellules immunitaires contre l'ennemi.
Le lambrolizumab est le dernier né des anti-cancéreux. Cet anticorps est conçu pour neutraliser la protéine PD-1. Cette protéine permet à certains cancers d'échapper aux attaques du système immunitaire de l'organisme.
Développé par Merck, le lambrolizumab est actuellement testé contre plusieurs types de cancers dont le mélanome et le cancer du poumon, et les résultats de l’étude préliminaire sont encourageants. L'essai clinique, mené entre décembre 2011 et septembre 2012 avec 135 patients souffrant d'un mélanome avancé, montre une réduction moyenne de 38% de la tumeur.
Combinaison prometteuse
Une molécule misant sur l'immunothérapie est déjà sur le marché depuis 2011 : l'ipilimulab (Yervoy®). Son rôle est de bloquer les CTLA-4. Cette substance empêche les lymphocytes cytotoxiques (CTL) de jouer leur rôle de tueurs de cellules cancéreuses.
Lors de la conférence de l'ASCO qui se tient à Chicago jusqu'au 4 juin 2013, de nouvelles données concernant cette molécule ont été révélées. Une étude combinant l'ipilimulab à la Leukine®, qui stimule le système immunitaire, montre que cette association réduirait de 35% le risque de décès des patients atteints d'un mélanome métastasé. Cet essai clinique de phase 2 incluait 245 patients. Plus des deux tiers des participants traités étaient encore en vie un an après contre la moitié dans le groupe témoin (n'ayant pas bénéficié de cette combinaison).
S'ils sont prometteurs, ces produits n'en sont pas moins dénués d'effets secondaires sévères. Le second point noir, c'est leur prix. Les anticancéreux font aujourd’hui partie des médicaments les plus chers.
Sur les douze nouveaux anticancéreux homologués en 2012 par la Federal Drug Administration (FDA), l'Agence américaine du médicament, onze dépassaient le seuil des 100.000 dollars par an et par patient.
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