Dopage : les excuses bidons des sportifs

Comment réagir lorsqu'on est un sportif de haut niveau et qu'on est surpris en flagrant délit de dopage. La première possibilité serait évidemment d'avouer. Mais dans toute l'histoire du sport, rares sont ceux qui ont reconnu leurs torts. La plupart des sportifs pris pour dopage jouent au contraire les vierges effarouchées et n'hésitent pas, le cas échéant, à sortir des explications les plus saugrenues. Le point sur les excuses les plus bidons des sportifs avec Gilles Goetghebuer.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Chronique de Gilles Goetghebuer, du 2 octobre 2013
Chronique de Gilles Goetghebuer, du 2 octobre 2013

Dans toute l'histoire du sport, ils sont une poignée à peine à avoir reconnu leurs torts. Laurent Fignon a été pincé pour dopage, en 1989, lors du Grand Prix d'Eindhoven. Il n'a pas demandé de contre-expertise. Au contraire, il a déclaré avoir pris une "lichette" d'amphétamines avant la course. Laurent Fignon a accepté ses trois mois de suspension sans broncher. Mais cette réaction est tout à fait exceptionnelle. En effet la plupart des sportifs pris pour dopage n'hésitent pas à sortir des explications les plus saugrenues.

Dopage : nier l'évidence

Certains affirment par exemple avec aplomb qu'ils ignorent tout des produits interdits retrouvés lors des fouilles des bagages ou des chambres d'hôtel. Ou alors ils nient que ces produits leur étaient destinés. Il y a une dizaine d'années, Frank Vandenbroucke, cycliste belge, avait déclaré que l'EPO, la morphine, le clenbutérol (produits dopants les plus usités dans le vélo) retrouvés dans son frigo étaient destinés à son chien.

Même stratégie pour le sulfureux docteur italien, Michele Ferrari. Pris avec une cargaison de DHEA (hormone des glandes surrénales interdite par les règlements antidopage), le docteur italien avait affirmé aux carabiniers que le produit était destiné à son père souffrant d'arthrose. Autre exemple : le coureur lituanien, Raimondas Rumsas, a expliqué que les produits (EPO, hormone de croissance, testostérone, corticoïdes) découverts dans la voiture de son épouse, Edita, lors du Tour de France 2002 étaient destinés à sa mère.

Dopés pour bien d'autres raisons

Une autre technique consiste à reconnaître un usage personnel, mais pour une autre raison que se doper. Du moins pas dans le sport.

Le rugbyman japonais Ryohei Yamanaka pris aux anabolisants lors d'un contrôle inopiné en avril 2011 a expliqué qu'il consommait des anabolisants pour se faire pousser la moustache. Le sprinteur américain LaShawn Merritt (champion olympique et champion du monde du 400 mètres) attrapé pour consommation de DHEA en 2010 a évoqué d'autres attributs dont il voulait allonger la taille : en l'occurrence son pénis. Renseignements pris, on vend par Internet de petits appareils de "penis enlargement" (allongeur de pénis en français) que l'on conseille d'associer à la prise de DHEA pour plus de résultats.

Les arguments utilisés par les athlètes pour se blanchir des accusations de dopage nous initient parfois à des détails de leur intimité sexuelle. Richard Gasquet, positif à la cocaïne, incrimine une fille qu'il a embrassée et qui, elle, était cocaïnomane.

Il y a aussi la thèse défendue par Daniel Plaza, champion olympique du 20 kilomètres marche aux Jeux de Barcelone en 1992. Il est encore question d'un baiser, mais beaucoup plus intime ! À l'issue du championnat d'Espagne en 1996, il est contrôlé positif à la nandrolone : un stéroïde que l'homme ne secrète pas, mais que l'on retrouve à des doses minimes chez les femmes enceintes. Or, la femme de Daniel Plaza était effectivement enceinte à ce moment-là. La substance interdite se serait immiscée dans l'organisme du coureur à la faveur d'un cunnilingus. Malheureusement pour lui, on ne l'a pas cru. Il fut d'abord suspendu deux ans. Mais il s'est obstiné, et après dix ans de combat, la Cour Suprême espagnole lui a finalement donné raison. Les juges ont admis qu'un tel transfert est techniquement possible.

La palme de l'explication la plus alambiquée est attribuée à...

Sans discussion possible, la palme irait à l'Américain Tyler Hamilton. En 2004, Tyler Hamilton se fait pincer pour transfusion sanguine homologue (avec le sang d'un donneur). En clair, on trouve dans son sang des globules rouges qui ne lui appartiennent pas. Comment le sait-on ? Les globules rouges sont des cellules spéciales dépourvues de noyau. Mais elles se caractérisent néanmoins par des antigènes de surface propres à chaque individu, un peu comme les empreintes digitales.

Tyler Hamilton fournit alors une explication plutôt surprenante. En fait, il serait une chimère. En médecine, ce terme désigne les individus constitués de deux lignées cellulaires distinctes. Cela arrive parfois au début d'une grossesse gémellaire lorsque l'un des deux embryons est éliminé et "digéré" par la mère. Il arrive néanmoins que certaines de ces cellules trouvent le moyen de survivre dans l'autre embryon, donnant ainsi naissance à une personne avec deux types de cellules : une chimère.

Souvent cela se traduit aussi par l'apparition de lignes de Blaschko sur le corps. L'hypothèse dite du jumeau incarné était donc techniquement possible. Tyler Hamilton s'est arc-bouté sur elle pendant des années. Puis un jour, comme Lance Armstrong, il a tout avoué dans un livre intitulé "The Secret Race".

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