Enfants : le bon usage des médicaments
Sirops, comprimés, gélules, suppositoires, cachets effervescents… Il existe de nombreux médicaments pour enfants, et les parents sont souvent perdus. Suivez nos conseils d'utilisation.
Une fois que le principe actif est trouvé et que le médicament est conçu, il faut le développer sous une forme particulière. Cette science qui étudie la présentation, le dosage, les arômes ou le mode d'administration du médicament, c'est ce qu'on appelle la galénique. Cet élément va permettre de garantir l'observance du traitement et donc la guérison du patient. Et en la matière, chaque laboratoire pharmaceutique fait comme il veut. Mais en pratique, il est souvent difficile de s'y retrouver face à toutes les formes d'administration possible. Encore plus quand le patient est un enfant. Tour d'horizon des différentes présentation et de leur usage.
Sirops et médicaments sous forme liquide
Sirops à reconstituer : jusqu'où mettre l'eau ?
Sirops à reconstituer (type Amoxicilline) : Ces sirops sont vendus sous forme de poudre, il faut ensuite ajouter de l'eau pour les reconstituer. Ils sont présentés sous cette forme en raison de problèmes de stabilité. Il est donc important de bien faire attention au volume d'eau nécessaire pour éviter des erreurs de doses à l'administration. Il faut mettre de l'eau jusqu'au trait, secouer et remettre encore de l'eau jusqu'au trait si nécessaire. Ces sirops doivent être agités avant d'être administrés.
Au frigo ou pas au frigo ?
Toutes les préparations à reconstituer ne se conservent pas au réfrigérateur après ouverture. Demandez conseil à votre pharmacien. Si le produit se conserve au réfrigérateur, le sortir 30 minutes avant emploi. De toute façon, il faut éliminer tout flacon à la fin d'un traitement pour éviter une utilisation ultérieure du produit qui risquerait d'être contaminé malgré la présence de conservateurs. Pour éviter toute contamination bactériologique, prenez soin également de noter la date de l'ouverture, de nettoyer le col du flacon pour éviter que le sucre ne colle et de garder les sirops dans un environnement propre.
Attention aux pipettes (pour les médicaments type paracétamol)
Les pipettes sont des instruments de mesure et d'administration très fiables. Mais parfois ces seringues ne portent pas le nom du médicament. Il ne faut surtout pas les mélanger et emprunter la seringue d'un autre médicament, car elles ne représentent pas les mêmes doses. Même quand il s'agit d'un médicament de marque et d'un médicament générique.
Comme l'explique la Pr Françoise Brion, professeure de pharmacie clinique à l'université Paris V-Descartes, "il existe par exemple plusieurs présentations d'ibuprofène. Elles ont la même concentration en solution, mais la dose délivrée par chaque graduation en dose-kg est de 7,5 mg/kg/dose pour l'Advil® et 10 mg/kg/dose pour l'Antarène®, le Nurofenpro® et l'Ibuprofène Mylan®. Une confusion de pipettes peut donc entraîner un surdosage et un manque d'efficacité."
Que faire en cas de vomissement ?
Si l'enfant vomit dans les dix minutes suivant l'administration du médicament, on estime que l'absorption n'a pas été significative et il est possible d'administrer une nouvelle dose complète du traitement. Pour tout délai supérieur à dix minutes, il faut se référer aux caractéristiques décrites sur la notice du médicament pour déterminer le délai au-delà duquel on estime qu'il a été absorbé.
Les comprimés
À partir de quel âge ?
Les notices des médicaments préconisent de ne pas administrer de comprimés à un enfant en dessous de 6 ans, par crainte d'une fausse route. Mais dans les faits, certains enfants, notamment ceux sous traitements chroniques, arrivent à avaler des formes solides avant 6 ans.
Couper ou ne pas couper les comprimés ?
On ne peut couper que les comprimés sécables. Et tous les comprimés ne sont pas sécables, y compris ceux disposant d'une barre. Il convient donc de se rapporter à la notice du médicament.
Ecraser ou ne pas écraser les comprimés ?
Tous les comprimés ne peuvent pas être broyés, en particulier ceux qui sont enrobés. L'enrobage peut avoir plusieurs fonctions : masquer le goût d'un principe actif, empêcher la destruction du principe actif par les sucs de l'estomac ou encore permettre une libération prolongée.
Ouvrir ou ne pas ouvrir les gélules ?
Toutes les gélules ne peuvent pas être ouvertes pour administrer la poudre diluée dans un jus ou avec un yaourt, par exemple. Les gélules composées de microgranules par exemple ne doivent pas être ouvertes pour être diluées ou mélangées à un autre aliment. Comme l'explique la Pr. Françoise Brion, "les microgranules d'oméprazole, utilisées notamment dans le reflux gastro-oesophagien, sont gastro-résistantes. Si on les écrase pour les mélanger à un autre aliment ou les dissoudre dans de l'eau ou du jus, le principe actif sera détruit par l'estomac et le médicament devient inactif."
Les suppositoires
Les suppositoires se présentent en général sous forme d'ogive. Il est conseillé de le faire entrer non pas par le bout pointu comme on le pense généralement, mais par le bout rond, ce qui facilite l'aspiration et évite un rejet dans les selles, par exemple.
Faciliter la vie des parents… et des enfants à l'école
Si l'enfant est gardé en collectivité ou va à l'école, demandez à votre médecin (dans la mesure du possible) des formes en sachet. Des formules à prise unique qui évitent de laisser toute la bouteille de sirop.