Gaz sarin : l'horreur chimique
Les faits sont aujourd'hui avérés. Des armes chimiques ont bien été utilisées en Syrie. Les analyses révèlent la présence de gaz sarin, un neurotoxique mortel, dans les prélèvements d'urine collectés mi-avril 2013 par des médecins syriens sur des victimes de la banlieue de Damas. Quel est le mode d'action de ce gaz et quelle en est la dangerosité ?
En 1995, le grand public découvre le gaz sarin. Cette année-là, un attentat est perpétré dans le métro de Tokyo par la secte Aum Shinrikyo. Des sacs remplis de gaz sarin sont déposés dans cinq rames de métro, provoquant la mort de 12 personnes et l'intoxication de plus de 5.000 autres.
L'arme chimique est redoutable. Le sarin est considéré à l'état pur comme 500 fois plus toxique que le cyanure. Incolore et inodore à l'état liquide, il s'évapore rapidement sous la forme d'un nuage incolore et inodore également.
Un gaz neurotoxique
Le sarin passe par les voies respiratoires, mais peut également pénétrer l'organisme par la peau, et passer ainsi directement dans le sang. On le qualifie de neurotoxique car il attaque le système nerveux humain. En inhibant une enzyme, la cholinestérase, le gaz sarin empêche la transmission nerveuse entre les neurones. L'influx nerveux interrompu entraîne une détresse respiratoire qui peut être mortelle.
Les symptômes d'exposition à ce gaz sont multiples :
- gonflement du nez qui devient douloureux ;
- rétractation des pupilles ;
- relâchement des sphincters qui provoque une incontinence ;
- nausées et vomissements ;
- difficultés respiratoires ;
- perte de conscience et coma dans certains cas.
Une arme de destruction massive
Le traitement d'urgence consiste en l'administration d'atropine à dose massive. Quand il ne tue pas, le gaz sarin laisse de graves séquelles neurologiques.
Pour ces raisons, il est considéré comme une arme de destruction massive par les Nations unies depuis 1991, sa production et sa conservation sont interdites depuis 1993.
Le sarin fut mis au point en 1939 par trois chimistes allemands travaillant pour les laboratoires IG Farben. Le composé doit son nom à ses inventeurs dont il est l'acronyme : Gerhard Schrader, Ambros, Rüdiger et Van der LINde. Des chercheurs dont le rôle est reconnu dans la fabrication des gaz qui furent employés dans les camps d'extermination pendant la Seconde Guerre mondiale.