Maladie de Lyme, quand les tiques attaquent
Comment reconnaître les symptômes de cette maladie qui peuvent parfois passer inaperçus ? Quelles sont les précautions à prendre avant une promenade dans les bois ?
Chaque année, en France, la maladie de Lyme toucherait près de 47 000 personnes, selon les chiffres de Santé publique France. La maladie de Lyme, aussi appelée borréliose de Lyme est transmise par les tiques. Ces parasites, de la famille des acariens, se nourrissent du sang de nombreux mammifères, dont celui de l'homme.
Qu'est-ce que la maladie de Lyme ?
Le nom de cette maladie vient du comté de Lyme, dans le Connecticut, aux Etats-Unis, endroit où la maladie a été identifiée.
Il n'existe pas de vaccin contre la maladie, et si la prise en charge médicale a progressé depuis 1980, après la découverte de la bactérie, il reste encore beaucoup à apprendre.
Comment se transmet la maladie de Lyme ?
Seule une certaine espèce de tiques, appelée Ixodes ricinus, transmet la maladie de Lyme. Elle se nourrit d'abord sur un animal qui peut être infecté par la bactérie de la maladie de Lyme, la Borrelia burgdorferi. Ce sont essentiellement les mammifères des forêts qui sont concernés par cette infection.
Si la tique pique ensuite une personne et reste accrochée à sa peau, elle peut être contaminé. Car la tique absorbe du sang et émet de la salive en même temps. En émettant cette salive infectée, elle transmet alors la bactérie et donc la maladie.
À l'hôpital Raymond Poincaré à Garches, de nombreux patients sont traités pour des cas de maladie de Lyme. Beaucoup d'entre eux ont connu des mois, voire des années d'errance de diagnostic et ce malgré l'existence de tests pour cette maladie.
Quels sont les symptômes de la maladie de Lyme ?
Les premières manifestations de la maladie de Lyme peuvent passer inaperçues, ce qui complique le diagnostic et le traitement. Tout d'abord, la piqûre de tique forme une tache rouge, une éruption inflammatoire, débutant trois à trente jours après la piqûre, centrée au point de piqûre. C'est ce que l'on appelle un érythème migrant, il est typique de la maladie. A cette phase, un traitement antibiotique de deux ou trois semaines permet de guérit de la maladie.
Si l'érythème est passé inaperçu, d'autres symptômes peuvent apparaître quelques semaines ou mois après la piqûre, et l'on parle alors de phase secondaire. Il s'agit de douleurs dans les articulations, qui sont parfois gonflées (arthrites inflammatoires), ou de signes neurologiques. La maladie de Lyme peut en effet prendre la forme d'une méningite, d'une paralysie du visage ou de problèmes cardiaques.
Dans ces cas-là, le diagnostic est plus difficile car ces symptômes ne sont pas spécifiques de la maladie, et l'on ne se souvient pas forcément d'une piqûre de tique. Le traitement par antibiotique doit alors être plus long.
La phase tertiaire est plus contestée car le même genre de symptômes apparaît une ou plusieurs années plus tard. Il est donc très difficile de faire le lien avec une piqûre de tique, ce qui retarde le traitement.
D'un patient à un autre, la maladie de Lyme peut prendre des formes très variées, surtout si elle n'est pas décelée à temps : "Il n'y a pas de tableau typique. Il y a des personnes qui vont avoir essentiellement des manifestations cutanées. D'autres des manifestations douloureuses articulaires. En Europe, malheureusement, on a une bactérie, Borrelia, qui est peut-être plus invasive et qui donne davantage une atteinte neurologique profonde associée à des douleurs musculaires, associée à une grande fatigue que la plupart des patients ne comprennent pas", explique le Pr Jérôme Salomon, infectiologue.
Quels sont les traitements de la maladie de Lyme ?
Les patients alternent aussi traitements antibiotiques et anti-inflammatoires pour diminuer leurs symptômes. "Les traitements sont limités dans le temps pour des raisons logiques : on ne peut pas prendre des antibiotiques de façon prolongée, il y a des effets secondaires, il y a l'émergence de résistances… Et certaines molécules semblent être plus efficaces que les autres. Et c'est vraiment l'enjeu de la recherche clinique que de déterminer quelles seront les molécules qu'il va falloir proposer avec la meilleure efficacité", précise le Pr Salomon.
Si l'état de santé des malades s'améliore, il est difficile pour les spécialistes de savoir s'ils sont en voie de guérison car aucun test ne permet aujourd'hui d'établir avec certitude que Lyme n'est plus présent dans l'organisme des malades.
Maladie de Lyme : la recherche avance
La tique est une vraie "poche". En une morsure, elle peut transmettre plusieurs maladies, virus ou encore bactéries. Lyme en tête. Mais d'un patient à l'autre les signes cliniques de la maladie ne sont pas toujours les mêmes et les tests sont parfois négatifs alors que les patients sont bel et bien infectés.
Alors pour mieux diagnostiquer Lyme et surtout pour mieux traiter la maladie, des chercheurs s'affairent. Leur objectif : travailler sur les co-infections, c'est-à-dire les différentes bactéries, virus ou maladies que la tique véhicule.
Les chercheurs souhaitent identifier tous les agents pathogènes dont chaque tique est porteuse. Pour cela, des analyses sont réalisées au laboratoire. "Les tiques sont d'abord lavées pour les décontaminer et pour enlever tous les micro-organismes qui pourraient se retrouver à la surface de la tique. Car nous voulons analyser les micro-organismes à l'intérieur de la tique et qu'elle peut transmettre", explique Muriel Vayssier-Taussat, bactériologiste.
Et les bactéries, microbes ou virus que chaque tique porte en elle sont bien localisés. "Pour que les agents pathogènes puissent être transmis par les tiques, il faut qu'ils passent par les glandes salivaires de la tique. Normalement ils sont dans les glandes salivaires ou dans le tube digestif de la tique et ils vont migrer vers les glandes salivaires", précise la bactériologiste.
Pour éviter de disséquer chaque tique afin de prélever ses glandes salivaires, les chercheurs ont mis au point une nouvelle méthode d'extraction. Grâce à des microbilles, les tiques sont broyées une à une afin que leur ADN puisse être recueilli : "On récupère l'ADN de la tique mais aussi l'ADN des micro-organismes qu'elle transporte. Ensuite, on recherche de manière spécifique les ADN de micro-organismes dont on sait qu'ils peuvent être pathogènes pour l'homme ou l'animal".
Huit souches différentes de Borrelia responsables de la maladie de Lyme mais aussi trente autres bactéries pathogènes associées sont ainsi scrutées. "L'idée, c'est d'utiliser ce genre de technique pour les appliquer à des prélèvements humains, à l'homme, et essayer d'identifier chez des personnes pour lesquelles le diagnostic de la maladie de Lyme n'est pas très clair pour voir s'il y a d'autres agents pathogènes qui peuvent être soit en association avec les Borrelia ou seuls présents dans ces malades", explique Muriel Vayssier-Taussat.
Pour les chercheurs, mieux comprendre les co-infections bactériennes dans les cas de maladie de Lyme pourrait être une des clés pour mieux traiter certains malades qui ne répondent pas ou peu au traitement antibiotique classique.
Maladie de Lyme : la polémique autour du diagnostic
Les cas de la maladie de Lyme sont très difficiles à chiffrer car le dépistage est insuffisant et le diagnostic peu fiable. Il existe des tests sanguins mais une partie du corps médical les juge trop peu précis.
Selon des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) publiées en 2018, seulement 10 % des patients concernés par un "syndrome persistant polymoprhe après possible piqûre de tique" (SPPT) seraient atteints d’une borréliose de Lyme, 80 % souffriraient d’une autre pathologie
et une petite proportion resterait sans diagnostic.
Et selon une vingtaine de sociétés savantes, dont la Société de pathologie infectieuse de langue française, le Collège
national des généralistes enseignants et le Collège des universitaires
de maladies infectieuses et tropicales, les patients qui
présenteraient ces "symptômes persistants" divers attribués à Lyme relèvent en très grande majorité d'"un autre diagnostic" lié à des troubles neurologiques, psychologiques ou articulaires.
Il est toutefois impératif que les praticiens prennent leur temps pour établir le diagnostic et exposer la situation à leurs patients de façon personnalisée, affirment ces experts. Surtout, "les simplifications abusives et stigmatisantes, susceptibles d'être comprises comme « c'est dans la tête »", sont à proscrire, précisent-ils également.
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