Nuisances sonores : le bruit nuit gravement à la santé
Cris, brouhaha, sifflements, klaxons, téléphones portables dans les transports, télévision ou machine à laver des voisins... 25 millions de Français sont gênés par le bruit dans les transports et au travail. Une gêne contre laquelle il est difficile de lutter.
25 millions. C'est le nombre de Français qui souffriraient de nuisances sonores, dont le coût est évalué à 156 milliards.
Lorsque des ondes sonores sont captées par le pavillon de l'oreille, elles traversent le conduit auditif jusqu'au tympan. Cette membrane amplifie les ondes pour faire vibrer une chaîne d'osselets : le marteau, l'enclume puis l'étrier. Ce dernier passe l'information à l'oreille interne en s'enfonçant comme un piston dans la cochlée qui abrite des cellules sensorielles. Leur surface est couverte de cils vibratiles. Leur rôle est de transformer les vibrations en influx nerveux pour que le nerf auditif puisse les transmettre au cerveau.
L'oreille capte des sons, puis le cerveau les analyse et les identifie, détermine le type de son (musique, parole ou bruit), son intensité sonore (basse ou élevée) et sa fréquence (aigu ou grave).
Traumatismes sonores aigus, exposition chronique au bruit, pression exercée par la plongée, toxicité de certains médicaments... différents facteurs peuvent altérer ou dérégler le système auditif. Il ne se contente plus de capter les sons extérieurs, il en génère aussi. La personne entend alors des bruits qui proviennent de l'intérieur du corps, on parle d'acouphènes. Sifflement, bourdonnement... ces sons envahissants gênent terriblement la vie quotidienne de ceux qui en sont victimes.
Les acouphènes peuvent aussi être associés à une hypersensibilité de l'oreille, on parle d'hyperacousie. Un bruit d'un volume normal devient insupportable, comme s'il était bien plus fort qu'en réalité. Une fourchette qui tombe, une porte qui claque... tous les sons les plus communs deviennent source de douleur. La personne se renferme de plus en plus pour se protéger, mais cela ne fait qu'empirer. Pourtant, des solutions existent.
Nuisances sonores : mon voisin ce tueur
Ils peuvent parfois nous rendre service... comme nous rendre la vie impossible et transformer nos nuits en cauchemar. Les voisins. Les rancœurs de palier peuvent avoir de plus lourdes conséquences que de simples querelles. Le manque de calme est un problème qui inquiète même l'Académie nationale de médecine. Celle-ci a publié mi-2012 une série de recommandations pour réduire les nuisances sonores dans l'habitat, comme la création "d'offices bruit" dans les municipalités.
Le bruit est nocif
Car le bruit a une incidence sanitaire et, en écho, un poids économique conséquent. Cris de disputes, bruits de pas, musique forte, bruits de travaux... vivre avec des nuisances sonores peut entraîner des problèmes de manifestations auditives comme des acouphènes, une fatigue auditive, ou encore, dans des cas plus rares, une surdité.
Mais le bruit, vécu et subi quotidiennement, entraîne surtout des problèmes de sommeil, qui auront un impact sur le développement de problèmes de santé plus graves, touchant notamment le système cardiovasculaire, ainsi que des modifications des sécrétions hormonales, liées au stress. Le bruit est aussi très mauvais pour le système immunitaire et complique l'apprentissage.
Pour plus de tranquillité
Pour Alice Debonnet-Lambert, ce problème peut se résoudre avec quelques efforts : "Il existe des solutions simples pour être moins bruyant : mettre des feutres sous les meubles quand on a du parquet ou du carrelage, éloigner les baffles des chaînes hifi des murs, les poser sur des matériaux qui absorbent le bruit comme des supports en caoutchouc. [...] Au fond, c'est surtout une question de respect du principe de vivre ensemble : tolérer et respecter son voisin. [...] Je crois qu'il faut aussi sensibiliser les architectes et les entreprises pour une mise en œuvre de meilleure qualité de l'acoustique dans les bâtiments".
Les municipalités sont encouragées à réagir, à engager des politiques de sensibilisation des professionnels, à surveiller l'isolation acoustique des bâtiments, à intégrer aux annonces des informations sur les niveaux sonores dans les biens immobiliers, et à s'inspirer, par exemple, de la ville de Toulouse où des "offices de la tranquillité" sont chargés d'assurer la médiation et de veiller au calme des habitants.
Des radars anti-bruits sont également testés.
Le bruit au travail
Le bruit peut occasionner des lésions irréversibles. Il s'agit même de la quatrième cause de maladie professionnelle en France.
Il y a des métiers où le bruit fait partie de l'environnement de travail. Et ceux qui les pratiquent sont soumis à des niveaux sonores importants ou gênants. Pour mesurer le niveau sonore auquel sont exposés les travailleurs, des contrôles sont régulièrement effectués. À l'aide d'un sonomètre, les ingénieurs en acoustique enregistrent durant plusieurs heures le bruit émis par les machines.
L'oreille supporte généralement sans dommage un niveau sonore inférieur à 85 décibels. Au delà, des lésions irréversibles sont susceptibles d'apparaître. Le port du casque anti-bruit est donc indispensable. Les entreprises peuvent également se doter de différents équipements comme des panneaux absorbants pour atténuer les nuisances sonores.
Les nuisances aériennes
Tout le monde rêve d'avoir une maison avec jardin. Ce rêve Catherine l'a exaucé. Seule ombre au tableau, le bal d'avions qui survole sa maison.
80% du bruit provient des transports routiers, ferroviaires mais aussi aériens ! Et l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle n'est pas prêt de limiter ces nuisances : le projet d'un nouveau terminal est actuellement discuté. Avec 1.300 vols d'avions par jour à Roissy, le trafic aérien devrait doubler d'ici les prochaines années. Un calvaire pour les riverains comme Catherine.
"Ce bruit abîme ma vie"
"Quand le bruit est insupportable, je ne reste pas dans mon jardin. Donc je ne jardine plus, il n'y a plus de repas possibles dehors... Ce bruit est intolérable et il abîme ma vie", se plaint Catherine. Elle a acheté une maison à Roissy en 1995, le trafic aérien était alors encore supportable. Mais trois ans plus tard, les vols de jour et de nuit se sont intensifiés au point de lui laisser très peu de moments de répit.
"Quand c'est toutes les deux minutes, il y a une charge mentale qui fait que vous n'arrivez plus à réfléchir, à vous concentrer, à parler avec les gens (...) Il faut savoir que le bruit est la seule nuisance à laquelle le corps ne s'habitue pas", explique Catherine qui a installé du double vitrage chez elle. Une isolation insuffisante puisqu'elle est obligée d'attendre la fin des vols de nuit pour pouvoir aller dormir.
Les nuisances aériennes affectent la santé des riverains
Passé 1 heure du matin, les nuisances continuent. Les vols de marchandises remplacent les vols de voyageurs. Un trafic qui perturbe le sommeil de Catherine : "A partir de 5 heures du matin, un ballet d'avions recommence au-dessus de ma tête. Vous vous sentez agressée par un bruit permanent, vous le vivez comme quelque chose de violent qui atteint le moral. Si vous n'êtes pas dépressif avant, vous pouvez très bien le devenir après".
Catherine n'est pas dépressive mais à cause des avions, elle souffre de violentes migraines : "On prend du paracétamol. On prend assez facilement des benzodiazépines pour dormir et à la fin, le foie n'en peut plus donc il dit stop. Moi je souffre d'une stéatose du foie car j'ai pris trop de médicaments. J'ai en gros une cirrhose du foie mais qui n'est pas due à l'alcool", confie Catherine.
Ils seraient plus de 1.600 riverains à souffrir comme Catherine. Tous s'opposent au projet d'un nouveau terminal à Roissy. Aujourd'hui, les nuisances aériennes toucheraient plus d'un million de Franciliens.