Quelle est cette maladie qui tue les enfants au Cambodge ?
Le "mystère" de la maladie qui a tué une soixantaine d'enfants cambodgiens est peut-être en passe d'être élucidé. L'Institut Pasteur au Cambodge travaille sur l'identification de la pathologie et dispose d'éléments de réponse. Elle serait due à un agent pathogène connu dans la région. Mais les premiers résultats des épidémiologistes doivent encore être confirmés.
Les enfants qui succombent à la maladie depuis avril 2012 présentent une encéphalite associée à une pneumopathie. Leur état se dégrade très vite, et la mort survient en moins de 24 heures.
Les cas ont été observés à la fondation de Kantha Bophra à Phnom Penh, la capitale. Cette fondation privée fonctionne grâce au mécénat d'un médecin suisse. "Elle offre des soins gratuits et de grande qualité aux enfants cambodgiens. De ce fait, les cas graves lui sont souvent adressés, ce qui permet aux épidémiologistes d'avoir une idée assez précise du nombre de cas et de leur sévérité", explique Philippe Buchy, directeur de l'unité de virologie de l'Institut Pasteur au Cambodge. "Jusque là, les cas restent concentrés à Phnom Penh et dans un périmètre d'environ 200 km autour de la ville".
"Nous ne sommes pas face à quelque chose d'inconnu"
Qu'est-ce qui tue ces enfants ? Selon Philippe Buchy, la situation n'est pas si mystérieuse. "Je ne suis pas très inquiet, car il y a, a priori, une explication logique et plausible à ce syndrome. Nous pensons que la maladie est due à quelque chose de connu et fréquent dans la région". Mais le directeur de recherche veut rester prudent. "Les données dont nous disposons ne sont que des données préliminaires et elles doivent absolument être confirmées."
Un virus inhabituel
"Il n'est pas très facile de faire la part des choses pour les médecins", continue-t-il. "Le tableau clinique présenté par les enfants atteints n'a rien de spécifique au Cambodge. Les cas d'encéphalites y sont fréquents, tout au long de l'année. Et c'est aussi le cas des pneumopathies, particulièrement nombreuses au moment de la saison des pluies."
Pour y voir plus clair, les chercheurs de l'Institut Pasteur ont commencé récemment à effectuer des prélèvements. "Depuis la semaine dernière, nous avons fait des prélèvements, en nombre limité, sur les derniers enfants décédés et sur les nouveaux cas arrivés dans les hôpitaux." Les analyses qui ont suivi ont permis d'écarter beaucoup de pistes, dont celle des virus habituels, impliqués dans 60 à 70% de ces infections respiratoires", précise Philippe Buchy. "Dans le cas qui nous intéresse, il s'agit d'un autre virus."
L'Institut Pasteur était prêt
Face à cette situation, l'Institut Pasteur ne s'est pas trouvé démuni. "Nous avons la chance, à Pasteur, d'avoir un programme de recherche sur les pneumopathies et les encéphalites", explique le chercheur. Nous disposions donc déjà sur place de tous les outils diagnostiques nécessaires, et il a suffit de les combiner. Grâce à nos outils d'analyse, nous pouvons tester trente bactéries et virus à la fois."
Les résultats des chercheurs ont été transmis il y a quelques heures au Ministère de la santé cambodgien. Les communiqués officiels devraient suivre.
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Et aussi :
- Institut Pasteur au Cambodge
- Tribune de Genève
- "Une maladie étrange tue les enfants du Cambodge", 8 juillet 2012.