Quelle sexualité pour les cardiaques ?
Avoir une sexualité épanouie quand on a des problèmes cardiaques, c'est possible. Pourtant, certains malades souffrent de troubles de l'érection alors que d'autres craignent une attaque provoquée par le coït. Alors quels sont vraiment les risques ? Quels sont les effets des traitements cardiovasculaires ?
Comment fonctionne le coeur ?
Le coeur est chargé de propulser le sang dans tout l'organisme grâce à un réseau d'artères et de veines. Durant un effort physique, les besoins du corps augmentent et le coeur doit pomper quatre à cinq fois plus de sang afin de satisfaire la demande. Il est normal de voir la tension artérielle augmenter et le nombre de pulsations passer de 80 à 120, voire 160 pulsations par minute. Le muscle cardiaque, le myocarde, doit lui aussi être nourri. Il a besoin de plus de sang pour battre plus vite. Son taux d'irrigation passe de 0,25 l/min au repos à 0,75 l/min à l'effort.
Avec une maladie cardiaque telle que l'insuffisance cardiaque, le coeur est fatigué, il ne propulse pas autant de sang qu'il le devrait. Il est moins efficace et envoie moins de sang. Les organes reçoivent moins d'oxygène et de nutriments, et les déchets ne sont pas entièrement éliminés. Une fatigue musculaire et des signes d'essoufflement apparaissent alors à l'effort. Ce débit cardiaque insuffisant met en péril le bon fonctionnement des différents organes y compris les organes génitaux, ce qui peut provoquer des troubles de la lubrification chez les femmes, et des troubles de l'érection chez les hommes.
Chez l'homme, quand le coeur n'envoie pas assez de sang ou que les artères qui irriguent les organes génitaux sont rétrécies à cause d'une pathologie cardiovasculaire, les corps érectiles du pénis (caverneux et spongieux) ne peuvent pas se gorger de sang et entrer en érection. Un dysfonctionnement qui peut aussi faire suite aux médicaments traitant la maladie cardiaque, notamment ceux qui visent à diminuer la pression artérielle. Ils peuvent donc également provoquer un trouble de l'érection, qui est un symptôme sentinelle : un symptôme qui doit alerter car il peut précéder de quelques années un infarctus. Mais il faut en parler à son médecin afin de trouver le bon équilibre et ne pas devoir choisir entre sa santé cardiaque et sa vie sexuelle. Et pour cela, il faut oser en parler.
Cardiaques : des troubles sexuels difficiles à assumer
Certains patients retrouvent une vie sexuelle après leur transplantation, mais ce n'est pas le cas de toutes les personnes cardiaques. À 45 ans, Sébastien a fait deux infarctus en 3 ans, ce qui n'a pas été sans conséquence sur sa vie sexuelle, et plus généralement sur sa vie affective.
Mais il faut garder en tête que l'activité sexuelle n'est pas un effort intense, surtout s'il est fait avec le partenaire habituel. la Fédération Française de cardiologie, "un rapport sexuel représente un effort physique d’intensité modérée, comparable à l’énergie dépensée pour monter deux étages à bonne allure. Il participe en outre à l’élimination des toxines, augmente le rythme cardiaque, active la circulation sanguine et muscle le cœur."
Des ateliers conseil pour oser en parler
Après un infarctus, il est fortement conseillé de suivre une rééducation cardiaque. Durant trois semaines, les personnes réapprennent à vivre, à protéger leur coeur et à reprendre confiance. C'est aussi une période propice pour aborder tous les sujets, y compris celui de la vie affective, car la question des troubles de la sexualité n'est pas toujours facile à aborder pour les patients.
A lire : Fédération de cardiologie, coeur et sexualité