Retarder une appendicite : tout le monde peut-il la jouer comme Nadal ?
Souffrant d'un début d'inflammation de l'appendice durant les Masters de Shangaï, Rafael Nadal était rentré en Espagne, et avait été mis sous antibiotique durant cinq jours. Son médecin lui aurait expliqué "qu'il pouvait continuer à jouer [et participer au tournoi de Bâle] en dépit de son appendicite". Eliminé en quart de finale ce 24 octobre, le tennisman a mis fin à sa saison sportive, et sera opéré le 3 novembre. Toute crise d'appendicite peut-elle être retardée par des antibiotiques ? Etait-il raisonnable de poursuivre la compétition après ce traitement ?
L'appendicite est une inflammation de l'appendice, petite excroissance située sur le gros intestin, en bas et à droite de l'abdomen. Cette inflammation est souvent liée à l'obstruction du canal (par des matières fécales, du mucus…) ou un épaississement des tissus : l'appendice enfle et s'infecte, c'est l'appendicite.
Les crises d'appendicites surviennent le plus souvent entre l'âge de 10 et 30 ans, et touchent une personne sur quinze. Si l'appendice est très enflé, il peut se rompre : c'est la péritonite (infection grave de toute la cavité abdominale).
Avec les très grand progrès de l'imagerie médicale (scanner et échographie), on peut estimer assez finement le niveau de gravité de l'appendicite. Si l'inflammation est légère, les antibiotiques peuvent permettre de la contenir… pendant un certain temps.
"On sait que ça fonctionne, mais on ne sait pas combien de temps on peut garder les malades [dans cet état], ni si le risque de récidive [est] important", expliquait il y a quelques années le docteur Jérôme Loriau, chef du département des maladies de l'appareil digestif du groupe hospitalier Saint-Joseph (Paris), dans l'émission Allô docteurs.
En 2014, les études cliniques n'ont pas encore tranché la question de l'efficacité à court, moyen ou long terme de l'antibiothérapie.
L'antibiothérapie pré-opératoire
En cherchant à juguler l'infection de l'appendice, l'organisme entraîne la formation d'un abcès. L'intervention chirurgicale peut alors être risquée pour le chirurgien (par exemple quand le caecum, partie du côlon à laquelle est rattachée l'appendice, est plaqué contre la vessie, et qu'il faut le décoller).
"Cela peut être très difficile d'intervenir sur une appendicite compliquée avec un abcès et on peut faire beaucoup de dégâts si on intervient", expliquait en 2011 le docteur Jérôme Loriau. "C'est pourquoi certains préfèrent donner une antibiothérapie. Là encore, c'est discuté, et on continue d'avancer sur ces sujets."
Sources :
- Appendicectomie, éléments décisionnels pour une indication pertinente – Haute Autorité de Santé, novembre 2012 [pdf]
- Appendicectomie versus traitement antibiotique pour une appendicite aiguë. Wilms et coll. Cochrane Database of Systematic Reviews 2011. doi: 10.1002/14651858.CD008359.pub2