Sida : 14 patients contrôlent leur infection grâce à un traitement précoce

Des patients contaminés en France par le virus du sida (VIH), et mis rapidement sous antirétroviraux, continuent de contenir naturellement leur infection, sept ans après avoir cessé de prendre leur traitement. Leur système immunitaire semble avoir neutralisé le virus. Ces cas de "guérison" apparente font l'objet d'une étude publiée dans la revue américaine PloS Pathogens. Les explications en vidéo avec Asier Sàez-Ciriòn, virologue à l'Institut Pasteur, l'un des auteurs de cette étude.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Asier Sàez-Ciriòn, virologue à l'Institut Pasteur
Asier Sàez-Ciriòn, virologue à l'Institut Pasteur

Quatoze séropositifs sont parvenus à contrôler l'infection par le virus du sida après avoir été mis sous antirétroviraux dans les dix semaines qui ont suivi l'infection, et pendant trois ans. Sept ans après l'arrêt du traitement, le VIH semble naturellement maîtrisé.

"Le traitement précoce a probablement contenu les réservoirs viraux, et préservé les réponses immunitaires, combinaison qui a certainement pu favoriser le contrôle de l'infection après l'arrêt du traitement", explique le Pr Christine Rouzioux, de l'hôpital Necker à Paris qui a coordonné la recherche.

Les premiers résultats de cette étude française dite VISCONTI (pour "Virological and Immunological Studies in CONtrollers after Treatment Interruption") avaient été révélés en juillet 2012, à Washington, lors de la Conférence internationale sur le sida.

Début mars 2013, des virologues américains avaient annoncé la guérison apparente d'une petite fille contaminée à la naissance par sa mère séropositive et non traitée. Comme pour les patients du groupe VISCONTI, le virus n'a pas été totalement éradiqué, mais sa présence reste indécelable.

"On ne peut pas dire que ces patients sont guéris parce qu'ils portent toujours des cellules infectées par le VIH, mais il contrôlent activement l'infection. C'est pour cela que l'on parle de rémission - et non de guérison. Ces patients ont eu besoin d'un traitement assez long et arrivent à vivre depuis plusieurs années sans prendre de médicaments", explique Asier Sàez-Ciriòn, virologue à l'Institut Pasteur.

Ceux que l'on appelle les "contrôleurs naturels", c'est-à-dire les patients qui possèdent le profil génétique capable de contenir le VIH, sans traitement, représentent moins de 1% de la population. Et dans le cas des quatorze patients français, la plupart n'avaient pas le profil génétique ni le même type de réponses immunitaires observées chez ces "contrôleurs", affirment les chercheurs.

Selon le Dr Laurent Hocqueloux, de l'hôpital Orléans-La Source en France, un des membres de la recherche sur le groupe VISCONTI, ces cas "offrent un espoir de découvrir de nouveaux mécanismes permettant de contrôler l'infection".

Pour tenter de faire avancer cette recherche, l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) va coordonner dans les prochains mois un groupe plus étendu de patients similaires à ceux de Visconti, au niveau européen.

La seule guérison complète officielle du sida reconnue au monde est celle de l'Américain Timothy Brown, dit "le patient de Berlin". Il a été déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d'un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le virus de pénétrer dans les cellules. Cette greffe visait à traiter une leucémie.

Etude de référence : Sáez-Cirión A, Bacchus C, Hocqueloux L, Avettand-Fenoel V, Girault I, et al. (2013) Post-Treatment HIV-1 Controllers with a Long-Term Virological Remission after the Interruption of Early Initiated Antiretroviral Therapy ANRS VISCONTI Study. PLoS Pathog 9(3): e1003211. doi:10.1371/journal.ppat.1003211

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