Urgences : le décès d'un enfant de 10 ans fait polémique
Zacharie, un enfant de 10 ans est décédé aux Urgences de l'hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (93), le dimanche 3 août au matin. L'histoire fait polémique car ni les pompiers ni le Samu ne se seraient déplacés au domicile de la famille. Mais comment le Samu distingue-t-il les urgences ?
Zacharie, 10 ans, est décédé dimanche matin à l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis. Selon le journal Le Parisien, qui a révélé l'affaire, ni le Samu, ni les pompiers, ni les taxis n'auraient accepté de faire le déplacement pour l'emmener aux Urgences.
Finalement conduit à l'hôpital par un chauffeur de taxi hélé dans la rue par les parents de la victime, en pleine nuit, le garçonnet, qui vomissait et convulsait, a été pris en charge pour une appendicite. Mais son état se dégrade et le décès est constaté quelques heures plus tard.
"La prise en charge a été immédiate et constante, il n'y a pas eu de retard. Il s'agit d'un décès brutal et inattendu, raison pour laquelle nous avons fait la demande d'une autopsie", a ajouté le docteur Simon Escoda, responsable des Urgences pédiatriques de l'hôpital où a été pris en charge l'enfant.
Comment définit-on une urgence ?
Si aucun élément n'est disponible à l'heure actuelle pour déterminer les causes du décès et d'éventuelles failles dans l'accès aux soins, ce décès pose la question de la gestion des Urgences. Comment le Samu identifie-t-il les situations qui nécessitent l'envoi d'une ambulance ?
"Le travail du Samu est de poser un diagnostic de gravité par téléphone. C'est un travail extrêmement périlleux qui doit tenir compte des moyens disponibles car il n'est pas possible d'envoyer une ambulance de réanimation, un SMUR, pour chaque appel", explique Gérald Kierzek, médecin urgentiste. "Le médecin régulateur doit distinguer, grâce à une batterie de questions, les situations pour lesquelles un simple conseil suffit, des plus graves qui nécessitent l'envoi d'un SMUR. Selon la situation, le médecin régulateur dispose d'une palette de réponses : faxer une ordonnance à la pharmacie, envoyer un médecin à domicile ou une ambulance de pompiers ou du Samu".
"Tout l'enjeu est de ne pas sous-estimer la gravité d'une situation, ni de la surestimer", ajoute le médecin urgentiste. "Il est souvent difficile de faire la différence entre l'affolement de la famille et la réalité médicale. Ce qui est certain, c'est qu'une famille ne doit pas être laissée seule en situation de détresse. Théoriquement, les standards des pompiers (18) et du Samu (15) sont interconnectés et travaillent en coopération. Il faudra maintenant attendre les résultats de l'enquête pour comprendre s'il y a eu dysfonctionnement."
Information judiciaire pour "homicide involontaire"
Les résultats définitifs de l'autopsie pratiquée mardi sur l'enfant seront connus dans plusieurs semaines. Mais dès mercredi, les premières constatations ont été transmises à la famille lors d'un entretien, a poursuivi le Dr Escoda, refusant de révéler "tout élément d'ordre médical".
Selon une source proche de l'enquête, la mort de l'enfant serait due à une malformation cardiaque très rare, qui n'avait jamais été détectée. Une information judiciaire a été ouverte pour "homicide involontaire" a précisé à l'AFP le parquet, qui a requis du juge d'instruction "la pratique d'une autopsie judiciaire", pour déterminer les causes exactes du décès.
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