Violences conjugales : douleur aux mille visages
Le 3919, numéro d'appel national destiné aux victimes de violences conjugales, a traité plus de 50 000 appels en 2010, soit 50 % de plus qu'en 2009. Pour décrypter ce fléau, nous avons posé trois questions à : Françoise Brié, vice-présidente de l'association Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF).
- En 2010, la lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée "grande cause nationale". Pourtant ces chiffres sont en hausse. Comment l'expliquer ?
Françoise Brié : "Les deux sont liés. Les vastes campagnes de communication réalisées en 2010 ont permis à de nombreuses femmes de se libérer concernant ce sujet tabou. Beaucoup d'entre elles ne connaissaient pas l'existence du 3919. Il est très important que ces campagnes de communication soient relayées localement via les commissariats, les services sociaux et hôpitaux. Beaucoup de femmes mettent du temps à parler. Elles doivent se sentir en sécurité, soutenues pour libérer leur parole. Notre rôle est très important. Cette hausse est significative et montre que nous devons accentuer nos efforts pour aider les femmes à parler."
- Les appels concernant des viols conjugaux sont aussi en forte hausse (plus 30 %). Qu'appelle-t-on un viol conjugal ?
F.B. : "Tout rapport non consenti avec un partenaire est un viol ! Que l'on soit marié ou non. C'est souvent très difficile pour une femme de parler de viol lorsqu'il concerne le père de ses enfants, ou la personne avec qui elle partage sa vie. La femme a tendance à remettre en cause son comportement et son rôle de femme au sein du foyer. D'autre part, le viol conjugal est difficile à prouver, s'il n'est pas accompagné de preuves formelles comme les stigmates de violences physiques. C'est pourquoi peu de femmes passent la porte du commissariat pour déposer plainte suite à un viol de ce type. Il est important pour une femme victime d'un viol conjugal de garder toutes les preuves de ce viol, comme les certificats médicaux."
- Quelles sont les violences les plus courantes au sein d'un foyer ?
F.B. : "Inévitablement ce sont les violences dites psychologiques. Elles concernent les violences verbales, comme les insultes, les humiliations du quotidien... Toutes formes de violence qui placent la femme dans un état de détresse psychologique. Certaines remarques sur l'éducation des enfants par exemple peuvent entrainer cette détresse, et amener la femme à être sous l'emprise totale de son mari. L'incapacité de reprendre sa place au sein du foyer en découle souvent. Il faut savoir que les violences psychologiques sont le préambule des violences physiques. Le partenaire violent (une femme dans 2,1 % des cas) peut aussi passer par des phases de gentillesse et d'excuses entre deux violences verbales, ce qui, pour beaucoup, entraine une remise en question du partenaire violenté et annihile le sentiment de persécution pourtant bien réel."
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- Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) - Violences conjugales Info
Tél. : 3919 (appel gratuit depuis un téléphone fixe, du lundi au samedi, de 8 h à 22 h et les jours fériés de 10 h à 20 h, sauf les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre)