Zona : quand le virus de la varicelle refait surface
Douleurs aiguës, paralysies... si le zona laisse encore de terribles séquelles, c'est qu'il avance souvent masqué, et profite des faiblesses de l'organisme. Toute la difficulté est de le diagnostiquer et de le traiter le plus vite possible.
Des plaques rouges sur la peau, des sensations de brûlures, des éruptions cutanées... Ces symptômes sont souvent ceux du zona, une maladie infectieuse due au réveil du virus de la varicelle : le virus varicelle-zona (VZV).
Qu'est-ce que le zona ?
Les personnes qui ont contracté la varicelle dans leur jeunesse, gardent toute leur vie ce virus qui s'installe dans les ganglions nerveux. Ces ganglions sont présents à chaque sortie des nerfs de la colonne vertébrale. Habituellement, notre système de défense parvient à contenir ce virus bloqué dans les ganglions. Mais lorsque nos défenses immunitaires sont faibles, que l'on est stressé ou fatigué, ce virus peut se réactiver du jour au lendemain et sortir du ganglion.
Au lieu d'aller dans le sang où il serait bloqué par les anticorps anti-varicelle, il se sert des voies nerveuses pour se déplacer. Comme les nerfs se ramifient jusqu'à la surface de la peau par des terminaisons nerveuses, le virus attaque la peau. Une sensation de brûlure, de picotement apparaît alors sur tout le trajet du nerf atteint et des plaques rouges parsemées de vésicules surgissent sur le trajet du nerf atteint.
Au bout de quelques semaines, les éruptions cutanées finissent par sécher et disparaître. Mais la douleur peut persister, c'est ce qu'on appelle des douleurs post-zostériennes. Les zonas qui atteignent les nerfs crâniens sont également courants. Le plus fréquent d'entre eux est le zona ophtalmique, il est localisé au niveau de l'oeil. L'atteinte concerne le front, les paupières et parfois, ce qui est plus grave, la conjonctive et la cornée.
Zona : un vaccin préventif existe
Désormais, on peut trouver en pharmacie un vaccin contre le zona. Il est recommandé depuis 2013 pour les personnes âgées de 65 à 74 ans, pour qui les conséquences d'un zona sont plus particulièrement douloureuses et invalidantes. Et depuis mars 2024, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise également son administration aux personnes immunodéprimées de plus de 18 ans et de tous les adultes de plus de 65 ans.
Le zona est une maladie infectieuse due à la réactivation du virus de la varicelle. 95% des adultes sont porteurs de ce virus mais une personne sur quatre développera un zona dans sa vie et la moitié des cas surviennent après 65 ans.
"Pour les personnes âgées, les douleurs post-zostériennes sont plus fréquentes. Elles sont plus intenses, elles sont plus difficiles à faire disparaître parce que les traitements qu'on leur donne parfois sont mal tolérés d'une part à cause de l'âge et d'autre part parce que les personnes âgées ont d'autres médicaments qui peuvent augmenter les effets secondaires et les effets indésirables", explique le Dr Pierre Tajfel, médecin généraliste.
Chez les personnes âgées, les défenses immunitaires appelées lymphocytes T sont moins performantes contre le virus du zona. Le vaccin vient donc renforcer ces cellules de défense, elles se multiplient et sont de nouveau capables de maîtriser le virus.
Avec ce vaccin, le risque d'apparition de la maladie est diminué de près de 50 %. Une seule injection est nécessaire pour protéger l'organisme.
Zona : savoir reconnaître la maladie
Tout commence, en général, par une fatigue, une petite fièvre, souvent accompagnée de maux de tête et surtout de picotements localisés sur la peau.
Quelques jours après ces premiers symptômes, l'éruption apparaît sous la forme de plaques rouges qui démangent ou font même très mal. Elles se recouvrent rapidement de petites vésicules blanches qui vont sécher pour donner des croûtes qui tomberont en quelques semaines. Le zona va cheminer dans une voie nerveuse et selon le nerf concerné, les manifestations varieront.
Une fois sur deux, le zona se localise au niveau du thorax, du fait de l'atteinte d'un ganglion rachidien. Les plaques sont alors situées sur le buste, le long des côtes, suivant le trajet d'un nerf intercostal. Ces plaques peuvent aussi se situer sur un bras, une cuisse, l'abdomen... et sont toujours unilatérales.
Les zonas qui atteignent les nerfs crâniens sont également courants. Le plus fréquent d'entre eux est le zona dit "ophtalmique". On estime que 5 à 15 % des zonas sont localisés au niveau de l'oeil. Ce type de zona concerne avant tout les personnes âgées ou immunodéprimées.
L'atteinte concerne le front, les paupières et parfois, ce qui est plus grave, la conjonctive et la cornée. Conduits auditifs, tympans peuvent aussi être touchés. Pour ce type de zona, le traitement est d'emblée lourd. Il consiste à prendre de la morphine, de la cortisone pour atténuer la douleur et un puissant antiviral pour faire disparaître le zona.
Il faut se préoccuper du zona ophtalmique car les séquelles sont fréquentes et environ 50% des patients touchés par un zona ophtalmique vont souffrir de pathologies chroniques de l'oeil, voire d'une baisse de l'acuité visuelle. Le suivi de ces personnes est donc indispensable.
Les complications du zona
Les douleurs du zona sont connues pour être insupportables. Elles surviennent durant l'infection, mais peuvent aussi perdurer ou revenir des mois plus tard. Les plus fréquentes, et difficiles à traiter, sont les douleurs qui accompagnent l'éruption mais qui peuvent persister des semaines, voire des mois. L'autre risque est que les vésicules se surinfectent, ce qui survient surtout lorsqu'on les gratte.
Chez les personnes immunodéprimées, le zona peut se généraliser donnant lieu à des brûlures très importantes. Il peut aussi devenir chronique. Les poussées se succèdent et durent plusieurs mois. Cas plus rare, le zona laisse des lésions neurologiques.
Les complications du zona crânien peuvent aller jusqu'à une inflammation de la cornée ou de l'iris. Quelque fois même, on constate une paralysie temporaire de l'œil ou paralysie faciale. Une rééducation spécifique est alors nécessaire.
Les complications du zona dit "ophtalmique" : s'il n'est pas pris en charge à temps, certains patients souffrent alors de glaucome ou encore d'atteinte de la rétine. Ces éventuelles complications imposent une surveillance ophtalmologique presque quotidienne.
Et quand la douleur persiste plusieurs mois après un zona, il est conseillé de se faire suivre dans un centre antidouleur. Certains anti-épileptiques et certains antidépresseurs peuvent soulager ces douleurs dites "neuropathiques". Des emplâtres de lidocaïne, un agent anesthésiant, ont une efficacité et une des solutions proposées est l'électrostimulation.
Zona : la prise en charge de la douleur
Le zona peut entraîner de très violentes douleurs qui persistent de longs mois, voire des années. Les centres anti-douleurs proposent des prises en charge spécifiques pour traiter ces douleurs.
Pour soulager leurs douleurs, les patients reçoivent un traitement spécifique : un patch de capsaïcine, une substance issue du piment rouge. Les patients atteints de zona peuvent aussi souffrir d'une extrême sensibilité appelée allodynie : "L'allodynie correspond à la perte du bon fonctionnement du nerf avec un signal d'alarme déclenché pour un symptôme qui n'est pas un danger pour l'organisme. Malheureusement, c'est le système d'alarme qui dysfonctionne", explique le Dr Erwan Treillet, médecin de la douleur.
L'objectif de la capsaïcine est de traiter ce dysfonctionnement des nerfs pour réduire les douleurs comme le précise le Dr Treillet : "La capsaïcine va entraîner une ouverture de canaux bien spécifiques à l'extrémité des nerfs. Cette ouverture de canal va entraîner une destruction en périphérie des nerfs qui sont sources de douleurs".
Dans 50% des cas, ce traitement est efficace, mais parfois il ne suffit pas à faire disparaître les douleurs dues au zona. Pour ces patients, un nouveau traitement est proposé : la stimulation magnétique transcrânienne. "La stimulation magnétique transcrânienne va moduler l'activité cérébrale et donc en fait, modifier très probablement les contrôles de la douleur", explique la Dre Nadine Attal, neurologue. En moyenne, deux tiers des patients souffrant de douleurs neuropathiques sont soulagés par ces stimulations magnétiques transcrâniennes.
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