Air pollué dans le métro : "Il est temps que la RATP dise la vérité aux usagers"
Le parquet de Paris a ouvert au mois de février une enquête préliminaire visant la RATP, après la plainte déposée par l'association Respire. En cause : la présence de particules fines polluantes et toxiques pour les usagers.
L'air du métro intéresse la justice. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "mise en danger d'autrui" visant la RATP, soupçonnée par l'association Respire de dissimuler à ses usagers un taux de particules fines anormalement élevé dans le métro et le RER.
"Il est temps de lever la loi du silence et que la RATP dise la vérité aux usagers", a déclaré Tony Renucci, directeur général de l'association Respire, à l'origine d'une plainte déposée en mars 2021 pour "tromperie et blessures involantaires."
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Un "manque de transparence délibéré"
L'association accuse la RATP de manquer de transparence sur les niveaux de pollution aux particules fines constatés dans le réseau du métro et du RER. La RATP est au courant de la situation "depuis le début des années 2000" assure Respire.
Pourtant, elle "s’abstient délibérément d'alerter les usagers de son réseau sur les risques qu'ils encourent." La pollution aux particules fines peut causer des gênes ou des infections respiratoires et engendrer une hausse des hospitalisations ou de la mortalité liées à ces pathologies.
C’est pourquoi, en février, le parquet de Paris décide de confier une enquête préliminaire à l’Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) pour "mise en danger d’autrui et tromperie sur une prestation de service entraînant un danger pour la santé de l’homme".
Les standards de l'OMS dépassés
Si la RATP "ne commente pas une procédure judiciaire en cours", elle assure être "engagée depuis plus de 20 ans" pour l’amélioration de la qualité de l'air dans ses espaces.
La Régie indique que depuis 1997, des mesures ont été prises, "en continu" et "dans cinq lieux représentatifs" afin de garantir une information faible aux voyageurs. Ces données sont en accès libre sur le site de la RATP.
Elles permettent, par exemple, de constater qu'à la station Châtelet, la concentration de particules fines PM10 (diamètre inférieur à 10 micromètres) oscille la plupart du temps entre 100 et 300 µg/m3, soit bien au-dessus des standards de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui recommande une valeur limite de 50µg/m3 en moyenne journalière.
Améliorer le système de freinage
En juin, l'Anses (L'Agence nationale de sécurité sanitaire) avait d'ailleurs relevé la présence de trois fois plus de particules fines à l’intérieur des stations qu’en surface. À cette époque, l’ANSES avait effectué une série de recommandations pour améliorer la qualité de l'air comme la modernisation de la ventilation et le renouvellement des trains, avec des systèmes de freinage améliorés.
En effet, les frottements provoqués au moment du freinage émettent quantité de particules fines, qui sont régulièrement remises en suspension dans l'air au passage des rames.
La RATP, consciente du problème, prétend garantir "le déploiement du freinage électrique sur tous les nouveaux matériels". D'autres pistes sont étudiées comme des garnitures de freinage, en test sur trois rames du RER A.
Elles ont pour but de limiter l'émission de particules fines mais doivent encore être validées afin de s'assurer qu'elles n'usent pas les freins prématurément et n'accentuent pas les nuisances acoustiques. L'établissement public évoque également l’expérimentation "d’un produit fixateur de particules au niveau de la voie pour réduire la concentration de particules remises en suspension dans l'air", rapporte l'AFP.
Les résultats de cette expérience seront connus dans le courant de l'année 2023.