« A ce stade, personne ne peut dire que les OGM sont cancérogènes chez l’homme »
Gilles-Eric Séralini avait défrayé la chronique en publiant, en 2012, une étude choc sur l’apparition de tumeurs chez des rats nourris au maïs OGM. Une étude européenne, dévoilée par Le Figaro, invalide les conclusions de cette étude déjà très contestée.
En septembre 2012, le professeur Gilles-Eric Séralini publiait dans Food and Chemical Toxicology un article qui fait sensation en affirmant qu’un maïs génétiquement modifié NK 603 induisait des tumeurs sur des rats. Depuis, de nombreuses critiques se sont élevées dans la communauté scientifique pour émettre des doutes sur la méthodologie utilisée le biologiste de l’université de Caen. Pour trancher les débats, les autorités françaises et européennes ont décidé de lancer plusieurs programmes de recherche. L’étude européenne G-TwYST, qui sera publiée d’ici quelques mois, semble contredire les conclusions de Gilles-Eric Séralini.
Bernard Salles, professeur de toxicologie à la faculté de Toulouse et chercheur à l’Inra a répondu aux questions d’Allodocteurs.fr
- Quelles sont les premières conclusions de cette étude européenne ?
Bernard Salles : « Un consortium de chercheurs européens a réalisé une étude à long terme, à deux ans, pour étudier des rats qui ont été nourris avec soit du maïs OGM, soit avec une alimentation sans OGM. Cette étude a été réalisée selon les normes internationales avec 50 animaux de chaque sexe par régime. Et au bout de deux ans d’étude, les chercheurs n’ont pas trouvé de différence en nombre de tumeurs chez les rats qui avaient étés nourris avec du maïs OGM et ceux nourris sans OGM. Ils n’ont pas non plus trouvé des tumeurs détectées plus précocement chez les rats qui ont été nourris avec les OGM. Donc cette étude invalide complètement ce qu’a écrit Gilles-Eric Séralini ».
- Pourquoi l’étude de Gilles-Eric Séralini est-elle contestée ?
Bernard Salles : « Il y a d’abord un problème sur le nombre de rats utilisés dans l’étude de Gilles-Eric Séralini. Il avait utilisé seulement dix rats par régime et la variabilité sur les rats nourris sans OGM est telle qu’il ne peut pas du tout conclure qu’il y a plus de tumeurs chez les rats qui ont mangé des OGM. Par ailleurs, la souche de rats qu’a utilisé Gilles-Eric Séralini était tout à fait pertinente pour des essais à 90 jours, en revanche, elle est déconseillée par les instances internationales pour des études à long terme (à deux ans), en cancérogénèse. C’est une souche qui développe spontanément un taux de tumeur très élevé, en particulier certaines tumeurs mammaires, alors que d’autres souches de rats ont des taux de tumeurs spontanés plus faibles »
- Peut-on affirmer qu’il n’y a pas de liens entre OGM et cancer ?
Bernard Salles : « C’est exactement la conclusion de cette étude. Cette étude, qui utilise les règles méthodologiques édictées par les instances internationales montre que les maïs OGM NK 603 n’est pas inducteur de tumeurs chez les rats, ce qui veut dire aussi qu’il est très peu probable que ce soit inducteur de cancers chez les humains. Il y a eu beaucoup d’études réalisées à assez long-terme et nous n’avons jamais pu montrer un lien chez le rat entre alimentation OGM et cancer. Et à ce stade, personne ne peut dire que les OGM sont cancérogène chez l’homme. »