La charcuterie aux sels nitrités ne sera finalement pas taxée
Après l’adoption en commission de la taxation de la charcuterie contenant des sels nitrités, l’Assemblée a rétoqué la mesure ce 24 octobre. Les débats émaillés par la question des lobbies agro-alimentaires ont abouti à un refus.
L'amendement défendu par le député Richard Ramos (MoDem) entendait instaurer une taxe de 0,10 centime d'euros par kilogramme sur les produits de charcuterie contenant des additifs nitrés (nitrite, nitrate et/ou sel nitrité). Ceux-ci allongent les durées de conservation et donnent une couleur rose au jambon mais sont accusés de favoriser les cancers colorectaux.
La mesure défendue par une cinquantaine d'élus LREM, UDI-Agir, PS ou LFI, avait été adoptée en commission malgré les réticences du rapporteur général Olivier Véran (LREM).
"Au-delà de la question du sel nitrité, cet amendement porte sur le bien manger français", a défendu Richard Ramos évoquant la malbouffe de ceux qui avalent un "jambon-coquillettes" faute de temps ou de moyens.
Rappelant le classement de la charcuterie industrielle par l'OMS comme agent cancérigène, il a haussé le ton parlant de "550 députés qui ont reçu hier de lobbyistes de fausses informations sur la santé".
"Ce vote passera ou ne passera pas, mais il restera sur la conscience des députés", a-t-il tonné, avant que la vice-présidente de l'Assemblée Annie Genevard (LR) lui demande de se calmer: "On ne va pas s'échauffer pour un jambon coquillettes... qui est d'ailleurs très bon", s'est-elle amusée.
"Je ne suis pas soumise à la pression des lobbies de l'alimentation", a souligné la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui assure ne pas avoir reçu de courrier.
Olivier Véran a également affirmé être "très peu sensible aux arguments des lobbyistes".
Sur le fond, la ministre a jugé l'amendement prématuré et inefficace.
"Pour l'Agence européenne de la sécurité alimentaire, il n'y a pas d'association entre l'ingestion de nitrates et la survenue de la plupart des cancers. L'effet néfaste serait dû à la transformation des nitrates en nitrite, mais cette conversion dans l'organisme humain est très variable et insuffisamment documentée", a expliqué Agnès Buzyn évoquant "des travaux en cours sur ce sujet à l'Anses" (sécurité sanitaire).
Elle a également souligné l'inefficacité d'une si petite taxe pour changer les comportements des producteurs ou réduire la consommation des acheteurs.