Les aliments dotés d'un mauvais Nutri-score associés à une plus grande mortalité
Les aliments de Nutri-Score D et E augmenteraient les risques de maladies chroniques et de mortalité, selon une étude de l’Inserm. Ces résultats valident l'utilité de ce logo qui reste facultatif pour le moment.
Un logo de cinq lettres, de A à E et de vert à rouge. Le Nutri-Score se fraye une place sur nos emballages depuis trois ans mais est-il bien représentatif de la qualité nutritionnelle des aliments ? Affirmatif, d'après un groupe de chercheurs de l’Inserm, de l’Inrae, du Cnam et de l’Université Sorbonne Paris Nord.
En effet, selon l’étude qu’ils publient le 17 septembre dans le British Medical Journal (BMJ), la consommation régulière d’aliments moins bien classés par le Nutri-Score est associée à un risque accru de mortalité.
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Plus de 500.000 participants
Cette étude s’appuie sur 501.594 participants, issus de la cohorte européenne EPIC. Ces participants répartis dans 10 pays européens sont suivis depuis plus de 20 ans et remplissent des questionnaires sur leur alimentation et leur mode de vie. Les chercheurs ont recueilli ces questionnaires et ont attribué des scores aux différents aliments consommés, de manière à obtenir un score moyen pour chaque individu.
Ils ont ensuite comparé ces scores aux données de santé des participants : survenue de maladies chroniques et mortalité puisqu’entre 1992 et 2015, 53.112 participants sont décédés de causes non-accidentelles.
Cancers, maladies circulatoires…
Résultat : "Les personnes qui consomment les aliments aux scores les plus élevés (D et E), donc de moins bonne qualité nutritionnelle, présentent une mortalité accrue par rapport à celles qui consomment des aliments aux scores plus faibles (A et B)" résume Mélanie Deschasaux, chargée de recherche Inserm et première autrice de la publication.
Et cette association s’observe à la fois sur la mortalité totale et sur la mortalité liée au cancer et aux maladies cardiovasculaires, des appareils respiratoires et digestifs, selon les auteurs de l’étude.
L’intérêt du Nutri-Score validé
Les scientifiques savaient déjà que des aliments trop salés, trop gras, trop sucrés et/ou trop énergétiques augmentent le risque de maladie chronique et de mortalité : "par exemple les acides gras saturés ont des effets sur les maladies cardiovasculaires, le sel sur l’hypertension, l’énergie sur l’obésité et le surpoids, qui sont eux-mêmes des facteurs de risque de maladies chroniques et donc de mortalité" liste la chercheuse.
Mais ce que cette étude valide aujourd’hui, c’est l’intérêt pratique du Nutri-Score. "On sait désormais que le Nutri-score est capable de caractériser les aliments de meilleure qualité nutritionnelle favorables à la santé" explique Mélanie Deschasaux.
Rendre le logo obligatoire ?
L’objectif, maintenant, est d’utiliser cette validation scientifique dans le cadre des discussions sur l’étiquetage nutritionnel pour lequel la législation se fait au niveau européen. "Si rien n’est imposé à l’échelle européenne, les pays membres n’ont pas d’obligation" déplore Mélanie Deschasaux. Ainsi "en France, le Nutri-Score a le soutien des pouvoirs publics mais reste facultatif" rappelle-t-elle.
Or, "tant que ce logo n’est pas présent sur tous les produits, son potentiel est entravé puisqu’il devrait servir à choisir dans une même gamme de produits le plus intéressant d’un point de vue nutritionnel ".
A plus large échelle, l’obligation du Nutri-Score pourrait également être utilisé "dans les cantines", voire "pour réglementer les publicités alimentaires destinées aux enfants" envisage enfin la chercheuse.