1980 : Un anti-rejet découvert par hasard sauve les transplantés
HISTOIRE DE LA CHIRURGIE CARDIAQUE - Nous sommes à la fin des années 1970. Depuis la toute première greffe en Afrique du Sud, en 1967, les patients sont tous morts. Louis Washkansky, le premier patient transplanté n'a survécu que 18 jours. En France, Clovis Roblain n'a tenu que trois jours, emporté par une infection pulmonaire. Le Père Boulogne, 17 mois et cinq jours. En fait, le corps ne supporte pas l'organe étranger. Les médecins tentent de supprimer les défenses immunitaires des patients mais, dans ces conditions, ceux-ci s’affaiblissent et tombent malades. Les chirurgiens sont tétanisés par l'absence de traitement efficace contre le rejet.
Jean-François Borel est le directeur du département d'immunologie au laboratoire Sandoz. Depuis les années 1960, il recherche pour Sandoz de nouveaux antibiotiques à partir des micro-organismes présents dans la terre, et demande à tous ses chercheurs de ramener de voyage un extrait du sol qu'ils ont foulé.
En 1972, il tombe sur un échantillon oublié sur une étagère depuis trois ans... un microscopique champignon (Tolypocladium inflatum), extrait d'une motte de terre norvégienne rapportée par un ingénieur du labo.
Si les vertus antibiotiques du champignon scandinave se révèlent nulles, Borel met en évidence les propriétés immunosuppressives d'un acide aminé qu'il sécrète : la ciclosporine A.
Il teste le composé sur des souris mais, administrée seule par voie orale, celui-ci ne "prend pas".
L’expérience réussira finalement en mélangeant cette ciclosporine A avec de l'huile d'olive. Le premier traitement anti-rejet est né.
Il permet de protéger les patients de nouvelles infections tout en permettant au corps d'accepter le greffon. Le 9 mars 1980, une femme de 28 ans devient la première patiente au monde à bénéficier de ciclosporine pour une transplantation hépatique.
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