Cancer du sein : la lumière nocturne inhibe l'efficacité du tamoxifène
Une étude menée sur des rongeurs porteurs de tumeurs a montré que leur exposition nocturne à la lumière, même faible, inhibait l'efficacité du tamoxifène, un médicament couramment utilisé dans le cancer du sein.
Même à l'âge adulte, pour bien des personnes, dormir dans le noir complet conserve quelque chose d'angoissant. Pour les personnes atteintes de cancer du sein, l'obscurité totale pourrait pourtant être garante de l'efficacité de certains traitements de chimiothérapie.
Des travaux de l'université de Tulane en Louisiane, publiés le vendredi 25 juillet 2014 sur le site de la revue Cancer Research, viennent en effet de montrer que le maintien d'une obscurité totale durant le sommeil permettait au tamoxifène d'agir efficacement sur les cellules cancéreuses.
Dans leur étude, l'équipe de Robert Dauchy et Steven Hill s'est intéressée au rôle que joue la mélatonine, hormone clé de la régulation des rythmes chronobiologiques, sur l'action du tamoxiphène. La mélatonine est produite par la glande épiphyse située dans le cerveau. Elle est sécrétée en l'absence de lumière, à partir de la tombée de la nuit, avec un pic vers 3 heures du matin, avant de diminuer.
Dans la première phase de leurs travaux, les chercheurs ont soumis des rongeurs porteurs de cellules cancéreuses humaines à un cycle de 12 heures de lumière et 12 heures d'obscurité totale. Dans une deuxième phase, ces mêmes rongeurs ont été soumis à la même lumière du jour, mais à une très faible lumière de nuit, "équivalente à une lumière passant sous la porte" selon l'étude.
La mélatonine : une hormone sensible à la lumière
Résultat, lorsque le noir n'était pas complet durant le cycle nocturne, la production de l'hormone mélatonine était perturbée par la lumière. Les cellules cancéreuses étaient alors complètement réfractaires au tamoxifène. À l'inverse, le tamoxifène réduisait de manière très significative la taille des tumeurs chez les animaux soumis à la pénombre pendant la nuit. Les résultats étaient encore meilleurs chez les rongeurs à qui les chercheurs fournissaient une supplémentation en mélatonine.
Cette découverte apporte ainsi des données supplémentaires sur l'influence du cycle jour-nuit ou cycle circadien, sur le risque de certains cancers hormono-dépendants.
Depuis les années 80, de nombreux travaux ont montré que l'heure d'administration d'une chimiothérapie avait une influence sur sa toxicité, ses effets secondaires, mais aussi sur son efficacité. Actuellement, en France, l'étude PiCADo, pilotée par l'Inserm depuis 2012 a pour but d'observer l'efficacité d'une chimiothérapie "chronoprogrammée" en fonction du rythme circadien. 200 patients atteints de cancer avancé ou métastatique d'origine colorectale, pancréatique ou broncho-pulmonaire participeront à cette étude. Les résultats finaux sont attendus en 2016. Les chercheurs espèrent ainsi faire toute la lumière sur les bienfaits de l'obscurité.
Certaines études de santé publique ont parallèlement mis en évidence que le travail de nuit, en perturbant la production de la mélatonine, était sur le long terme un facteur de risque de certains cancers du sein.
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