Chikungunya : près de 875.000 cas dans les Caraïbes et les Amériques
Près de 875.000 personnes seraient touchées par le chikungunya en Amérique (centrale, du Sud et du Nord) ainsi que dans les territoires des Caraïbes, selon des données présentées ce 22 novembre par la Cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS).
Dans son dernier bulletin, la Cellule interrégionale d'épidémiologie dresse un bref tableau de la situation dans l'ensemble de la zone géographique. Le bilan global recense "près de 875.000 cas cliniquement évocateurs dont au moins 14.704 confirmés biologiquement". Ce rapport porte sur des données datées du 18 novembre.
Si l'épidémie est partie de Saint-Martin (Antilles françaises) en décembre 2013, elle a, en moins d'un an, gagné toutes les îles de la mer des Caraïbes et pris pied sur le continent. La Floride (Etats-Unis), tous les états de l'Amérique centrale et les pays d'Amérique du Sud ayant une façade maritime avec la Caraïbe ont en effet recensé des cas autochtones (c'est-à-dire transmis localement, et non plus seulement "importé" par une personne revenant d'une zone d'épidémie).
"Le Mexique rapporte pour la première fois cette semaine un cas autochtone dans le sud du pays", signale l'InVS.
Les territoires français particulièrement touchés
Pour les cinq territoires français, où la surveillance épidémiologique est étroite grâce au système hospitalier et au réseau de "médecins sentinelles", la situation est contrastée. Au total, plus de 165.000 personnes ont été touchées par ce virus et 138 sont mortes de la conjonction du chikungunya et d'autres pathologies qui les avaient affaiblies.
En Guadeloupe, "les indicateurs montrent une décroissance généralisée du nombre de cas de chikungunya" qui s'élèvent à 80.962 (et 59 décès) depuis le début de l'épidémie.
La Martinique est aussi "en phase de décroissance de l'épidémie". 70.860 cas ont été enregistrés ainsi que 76 décès.
A Saint-Martin, "la circulation virale reste active mais modérée" avec un total de 4.564 cas enregistrés et 3 décès.
"Depuis trois semaines, le nombre de cas vus par les généralistes est en augmentation", note la Cire. "L'activité médicale ayant été perturbée par le cyclone Gonzalo, il est possible que la diminution observée pendant cette période soit liée à cet événement" qui a frappé l'île le 13 octobre, souligne l'Institut.
A Saint-Barthélemy également, Gonzalo pourrait avoir créé une "diminution provisoire" du nombre de nouveaux cas. Ces derniers augmentent les deux dernières semaines et "dépassant les valeurs atteintes depuis le mois de mars", souligne la CIRE. L'île totalise à ce jour 1.156 cas et aucun décès.
En Guyane, territoire touché en dernier, l'épidémie se poursuit et les derniers chiffres communiqués il y a une semaine faisaient état de 7.500 cas soit 3% de la population.
Le malathion pour tuer les moustiques adultes
Comme annoncé par les autorités, les pulvérisations de malathion ont débuté mardi 18 novembre. Cet insecticide - controversé car étant un neurotoxique - doit permettre de tuer les moustiques adultes, vecteurs du virus.
"Pour l'instant, les villes concernées ont été celles de Cayenne, Kourou, Matoury, Rémire-Montjoly et Saint-Laurent du Maroni", a indiqué à l'AFP Sandrine Chantilly, directrice de la démoustication et des actions sanitaires au Conseil général de Guyane.
"Cette situation évoluera parallèlement à l'évolution des indicateurs épidémiologiques géo-localisés", a précisé Mme Chantilly.
Quant à la formation des agents chargés de l'épandage, la responsable a rappelé que "le malathion ayant été utilisé pendant de très nombreuses années en Guyane et ailleurs en France […] les agents ont donc déjà toutes les connaissances requises pour l'utilisation d'un tel produit". De plus, "des sessions de réactivation des connaissances ont été réalisées", a-t-elle assuré, ainsi que des "sessions pratiques avec du malathion". La population est informée du passage des véhicules d'épandages avant chaque opération.