Voici pourquoi les moustiques tigres inquiètent un mois avant le début des JO
Des chercheurs de l’Institut Pasteur s‘inquiètent de la prolifération des moustiques tigres en Île-de-France, alors que plus de 15 millions de touristes sont attendus cet été à Paris.
La crainte d’un cluster géant plane sur les Jeux Olympiques de Paris. Loin est pourtant l’ère des pics de contamination au Covid-19. Quelle menace peut donc alarmer les autorités sanitaires françaises, un mois presque jour pour jour avant le lancement des Olympiades ? Le coupable est à chercher du côté de l’un des ennemis minuscules de l’été : le terrible moustique tigre.
Dans une étude diffusée dans la revue Eurosurveillance et relayée ce mardi 18 juin, l’Institut Pasteur alerte sur le danger que représente le moustique tigre à l’approche des JO de Paris. Leurs résultats, publiés en collaboration avec l’Agence régionale de démoustication et le Centre national de référence des Arbovirus (Inserm-Irba) démontrent que cet insecte, désormais implanté en Île-de-France, est responsable de la transmission de cinq virus particulièrement redoutables : chikungunya, le virus Usutu, Zika, le virus du Nil occidental (ou virus West Nile) et la dengue.
Le moustique tigre détecté dans 78 départements
Parmi ces arbovirus (une large famille de virus véhiculés par les insectes qui se nourrissent de sang d’animaux), le virus de la dengue circule particulièrement en France. "Entre le 1er janvier et le 19 avril 2024, 1679 cas importés de dengue ont été recensés en France hexagonale", indique l’Institut dans un communiqué, relayant les chiffres de Santé publique France. Soit 13 fois plus que l’année dernière sur la même période.
Présent dans 78 départements de France, le moustique tigre profite donc d’un terrain d’ores et déjà propice pour poursuivre sa prolifération dans les prochains mois. Mais l’inquiétude est d’autant plus grande à l’approche d’un événement d’envergure internationale comme les Jeux Olympiques. Avec le brassage de nombreux touristes internationaux, en provenance notamment de pays où le virus de la dengue est endémique et circule considérablement, la vigilance est de mise.
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3 jours pour le virus du Nil occidental, 14 pour la dengue...
En prévision de cet événement, l’Institut Pasteur a donc cherché à étudier "la compétence des moustiques tigres à transmettre ces cinq virus" afin de déterminer "le temps d’incubation nécessaire pour que les virus se retrouvent dans les glandes salivaires du moustique en quantité suffisante pour infecter un humain". Ou plus précisément pour spécifier en combien de temps est-il possible que le moustique ne devienne contagieux, après avoir piqué un individu déjà infecté.
"À 28°C, le virus du Nil occidental a besoin de 3 jours avant d’être retransmis par le moustique", concluent les chercheurs. "Ce délai est entre 3 et 7 jours pour le virus du chikungunya et Usutu ; et il est entre 14 et 21 jours pour la dengue et Zika." Ces résultats permettent de mieux cadrer la lutte contre le moustique tigre lorsque les premiers cas de ces virus sont détectés.
"Si un cas de dengue est détecté en Ile-de-France, nous savons désormais qu’une désinsectisation doit avoir lieu dans les 21 jours", confirme Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur, qui a dirigé cette étude. "Ces résultats permettent d’ajuster la fenêtre de tir pour que l’approche soit optimale."
Comment se protéger du moustique tigre ?
Le principal moyen d’éviter de contracter tous ces méchants virus consiste à se protéger convenablement face au moustique tigre. Pour ce faire, rien de plus simple : portez des vêtements amples et bien couvrants. Sachez que les ventilateurs font fuir les moustiques et qu’il existe des répulsifs pour la peau ainsi que des diffuseurs électriques à placer dans les pièces de la maison pour limiter le risque de piqûre.
Malgré toutes ces précautions, un moustique tigre est tout de même parvenu à se faufiler jusqu’à votre peau ? Pas d’inquiétude ! Dans la majorité des cas, les conséquences sont bénignes, et le risque de transmission de maladies infectieuses reste faible. En revanche, si vous commencez à ressentir une fièvre intense ou des douleurs articulaires à la suite d’une piqûre, consultez rapidement votre médecin traitant.