Dépistage du cancer du sein : la mammographie en 3D plus efficace ?
Les avancées technologiques en matière de dépistage du cancer du sein sont de plus en plus efficaces. Grâce à la performance de la mammographie 3D, les cancers du sein sont mieux évalués, selon les résultats d'une large étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).
Environ 53.000 cas de cancers du sein sont diagnostiqués par an, en France. Une prévalence qui en fait le cancer le plus répandu chez les femmes. D'où l'importance des avancées technologiques en matière de dépistage.
Une étude comparative, menée par des chercheurs américains sur près d'un demi-million de femmes dans treize centres hospitaliers aux Etats-Unis, confirme l'efficacité de la mammographie en 3D dans le dépistage du cancer du sein.
Comparativement à une mammographie en 2D, la mammographie numérique en 3D par tomosynthèse accroît de 41% le taux de détection des tumeurs mammaires invasives et de 29% le dépistage de tous les cancers du sein. Cette technique d'imagerie tridimensionnelle approuvée par l'Agence américaine des médicaments (FDA), en 2011, a aussi entraîné une réduction de 15% des mauvais diagnostics (positifs comme négatifs), précisent les auteurs de cette étude.
Une technologie de pointe pour mieux dépister
Pourtant, en France, la mammographie tridimensionnelle est disponible dans peu de centres de radiologie. "Alors qu'elle représente une réelle avancée dans le cadre du dépistage du cancer du sein", selon le Dr Michel Benmussa, radiologue au sein d'un cabinet parisien. "Je l'utilise depuis sept mois. Grâce à la mammographie 3D, j'ai diagnostiqué des tumeurs que je n'aurais pas pu apercevoir avec une mammographie conventionnelle", explique-t-il. Selon le Dr Donna Plecha, directrice du service d'imagerie du sein à l'hôpital universitaire du Case Medical Center à Cleveland (Ohia), et contactée par l'AFP, "cette étude nous fournit de solides données montrant que la mammographie en 3D offre un meilleur dépistage d'un cancer du sein, suffisamment tôt quand il est encore traitable".
Des résultats précis
Si ce système qui combine une mammographie numérique et une imagerie par tomosynthèse connaît un franc succès auprès d'un grand nombre de radiologues, c'est parce qu'il permet d'obtenir des images beaucoup plus détaillées et très ciblées du sein. Elles sont utilisées pour produire des séries de coupes d'un millimètre d'épaisseur pouvant être visualisées dans une reconstruction du sein en 3D.
Le sein est une glande mammaire entourée d'un tissu de soutien, composé de fibres et de tissus graisseux. La graisse représente jusqu'à 80% du volume du sein. "Ces couches épaisses peuvent cacher des tumeurs", indique le Dr Michel Benmussa. La 3D permet ainsi d'améliorer nettement le diagnostic en permettant aux radiologues d'identifier clairement les caractéristiques des structures des seins et de bien voir des zones qui restent floues avec la mammographie en 2D, pouvant indiquer une tumeur mais aussi en dissimuler une, expliquent les auteurs de l'étude.
Pas de risque d'irradiation
En France, depuis l'année 2004, le programme de dépistage organisé du cancer du sein concerne les femmes âgées de 50 à 74 ans, sans risque apparent ni facteur de risque particulier. "Toutefois, la mammographie 3D n'est pas intégrée à ce programme. Les femmes doivent se faire dépister avec une mammographie conventionnelle", explique le Dr Benmussa. Pourtant, l'examen tridimensionnel est pris en charge par la Sécurité sociale au même titre qu'une mammographie conventionnelle.
Les auteurs de l'étude rappellent l'importance pour les femmes d'avoir une mammographie annuelle dès l'âge de 40 ans. Un avis partagé par le Dr Benmussa.
Source : Breast Cancer Screening Using Tomosynthesis in Combination With Digital Mammography JAMA. 2014;311(24):2499-2507. doi:10.1001/jama.2014.6095.
VOIR AUSSI :