Des cerveaux plus ou moins motivés ?
Une équipe française a identifié une région clef de la motivation située dans les profondeurs du cerveau. Cette découverte peut permettre de mieux comprendre et donc traiter des pathologies comme la maladie de Parkinson. Les chercheurs étudient aussi l'éventuelle stimulation de cette région par certaines psychothérapies.
"Nous avons identifié une région qui permet de motiver les efforts physiques et les efforts intellectuels", explique le Dr Mathias Pessiglione, dont l'équipe du Centre de recherche en neurosciences de La Pitié-Salpêtrière (Inserm, Université Pierre et Marie Curie, CNRS) vient de publier son étude dans PloS Biology. "Elle s'active en fonction des récompenses et dynamise alors plus ou moins les circuits moteurs et cognitifs."
Pour mettre au jour cette région, vingt participants volontaires ont accepté de passer une IRM fonctionnelle (qui permet de visualiser l'activité des différentes zones du cerveau) pendant qu'ils réalisaient des tests mobilisant à la fois une réflexion (trouver le chiffre le plus grand numériquement parmi des chiffres de tailles variables) et une action (donner la bonne réponse avec telle ou telle main).
Soigner des apathies intellectuelles ou physiques
Les résultats montrent donc qu'une seule zone située dans les profondeurs du cerveau, le striatum ventral (cf. photo) joue un rôle décisif dans le degré de motivation d'une personne pour accomplir un mouvement comme pour se concentrer mentalement. Pour une action manuelle difficile, c'est une partie latérale qui est activée (putamen), tandis que la stimulation de la réflexion se joue au niveau de la partie médiane (noyau caudé).
"Intervenir à ces différents niveaux pourrait permettre de soigner des apathies intellectuelles comme des apathies physiques", poursuit le Dr Pessiglione. Son équipe travaille depuis déjà plusieurs années sur les processus neurologiques de la motivation. Leur lien avec la dopamine a ainsi déjà été mis au jour dans une étude publiée cette fois dans la revue Brain en août 2011. Or, ce neurotransmetteur est par exemple clairement impliqué dans la maladie de Parkinson. "Nous devons donc maintenant chercher à savoir si les difficultés des patients sont provoquées par des problèmes moteurs ou un défaut de motivation", annonce le chercheur. "La prise en charge pourrait être adaptée en fonction."
Les données collectées pour cette étude vont aussi être réexaminées plus précisément pour savoir si "l'anatomie ou le fonctionnement de cette zone peuvent rendre compte de troubles de la motivation." Un programme de recherche va également étudier si elle est modifiée par une psychothérapie cognitive par exemple.