Qui sont les lauréats du Prix Nobel de médecine, récompensés pour leur découverte des microARN ?
Les Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun se sont vu décerner le Prix Nobel de médecine pour leur découverte des microARN, jouant un rôle crucial dans l'activité des gènes.
Ce lundi 7 octobre, le prix Nobel de médecine a été décerné aux Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des microARN. Il s'agit d'une nouvelle classe de molécule ARN minuscule jouant un rôle crucial dans la régulation de l'activité des gènes.
Les microARN "sont d'une importance fondamentale pour le développement et le fonctionnement des organismes", a proclamé le jury Nobel dans un communiqué.
Comprendre la régulation de l'activité des gènes
"Un dérèglement de la régulation des gènes peut entraîner des maladies graves telles que le cancer, le diabète ou l'auto-immunité. C'est pourquoi la compréhension de la régulation de l'activité des gènes est un objectif important depuis plusieurs décennies", a-t-il souligné.
Victor Ambros, 70 ans, est biologiste à la Massachusetts Medical School et Gary Ruvkun, 72 ans, est professeur de génétique à la Harvard Medical School. Ils avaient publié en 1993 dans deux articles séparés leurs découvertes sur "un nouveau niveau de régulation des gènes" qui s'est avéré décisif.
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"C'est un bouleversement"
"C'est un bouleversement", a déclaré Gary Ruvkun à l'AFP par téléphone aux États-Unis après avoir appris la nouvelle. Il a dit être "ami depuis des années" avec Victor Ambros : "C'est magnifique et nous allons le fêter comme des fous".
Son colauréat, qui a raconté hilare avoir manqué l'appel téléphonique du jury du Nobel, a expliqué lors d'une conférence de presse à Worcester (nord-est des États-Unis), que les "gènes dans nos cellules se parlent et coordonnent leurs activités de façon à ce que ces cellules communiquent entre elles pour envoyer et recevoir des signaux dans tout le corps".
Des recherches sur des minuscules vers
En collaboration, mais travaillant séparément, les deux hommes ont mené des recherches sur un ver rond d'un millimètre, C. elegans, afin de déterminer pourquoi et quand les mutations cellulaires se produisaient. Chaque cellule contient les mêmes chromosomes, donc exactement le même ensemble de gènes et d'instructions. La régulation des gènes permet à chaque cellule de ne sélectionner que les instructions pertinentes.
Les deux chercheurs se sont donc intéressés à la manière dont les différents types de cellules se développent, et ont découvert les microARN. "Leur découverte révolutionnaire a révélé un tout nouveau principe de régulation des gènes qui s'est avéré essentiel pour les organismes multicellulaires, y compris l'homme", a encore souligné le jury.
L'ARN, un "suppresseur de tumeur"
Cette découverte a débouché sur "de nombreux essais (qui sont) en cours, et pas seulement contre le cancer, mais aussi dans d'autres maladies, comme les maladies rénales cardiovasculaires (...) mais rien qui ne soit proche d'une application réelle", a expliqué Gunilla Karlsson Hedestam, professeure à l'institut Karolinska et présidente du comité Nobel de médecine 2024.
Eric Miska, généticien de l'université de Cambridge, a décrit auprès de l'AFP l'importance de l'étude des mutations cellulaires du ver rond menée par les deux biologistes. "Le même petit ARN qui se trouve dans ce petit ver, et qui est important pour son développement, se trouve dans vous et moi. Et il a une fonction importante, en fait, il s'avère être un suppresseur de tumeur", a-t-il expliqué.