Vaccin contre le sida : l'espoir de la technologie ARN
La technologie de l'ARN messager utilisée dans les vaccins contre le Covid pourrait bénéficier à un futur vaccin contre le VIH. Mais celui-ci reste bien plus complexe à mettre au point.
Le redoutable VIH est l’ennemi des chercheurs depuis 40 ans. Et pour le vaincre, si l’ARN messager qui a combattu le virus responsable du Covid était utilisé ?
L’ARN, est un morceau du code génétique du virus."Lorsqu’on utilise l’ARN messager sous forme de vaccin, on l’injecte et chaque cellule va produire son propre vaccin, en l'occurrence la protéine du virus qui génère des anticorps neutralisants", explique Olivier Schwartz, virologue, directeur de l’Unité Virus et immunité de l’institut Pasteur.
Le VIH mute beaucoup plus que le coronavirus
Ces fameuses protéines vont se développer tout autour de la cellule sur son enveloppe. Ainsi, en cas d’attaque, la cellule pourra reconnaître facilement l’ennemi. Mais avec le VIH, c’est différent, car il mute beaucoup plus que le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable du Covid. Voilà pourquoi il n'y a toujours pas de vaccin.
"On a d’un individu à un autre, d’un virus à un autre et à l’intérieur même de l’histoire d’une personne infectée, un virus qui a jusqu’à 30 % de son patrimoine génétique qui peut être variable. Il peut donc modifier les protéines que sont censés reconnaître les anticorps induits par le vaccin", précise le Dr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon.
Trois essais cliniques lancés
Sans développer les bonnes protéines, la cellule sera infectée par le virus. Mais l’un des géants pharmaceutiques, Moderna, relève actuellement le défi. Le laboratoire mène aux Etats-Unis trois essais cliniques sur l'ARN, actuellement en phase 1.
Plusieurs approches sont testées et pourraient être complémentaires."L’une d’elle est d’aller cibler une petite partie de la protéine susceptible de simuler un sous-type de cellules immunitaires très spécifiques des lymphocytes B qui vont à leur tour produire des anticorps neutralisants à large spectre", décrit Arnaud Chéret, directeur médical de Moderna France.
Un vaccin attendu par 38 millions de personnes
Les résultats de cette première phase sont attendus pour 2023. Mais pour l’heure rien n’est joué."Je pense que ce sera quand on aura les résultats de la phase 2 et qu’on commencera les résultats de phase 3, qu’on pourra dire qu'il y a franchement un bon espoir, qu’on a une bonne réponse immunitaire, une bonne tolérance. Mais y a beaucoup de candidats vaccins qui se sont heurtés à des résultats nuls", précise le Dr Gilles Pialoux.
Comme avec le Covid, il faudra certainement miser sur des vaccins bivalents qui ciblent donc plusieurs variants."On peut envisager que pour le VIH, il faudra également combiner différents ARN messager pour essayer d’élargir le spectre d’efficacité des vaccins", conclut Olivier Schwartz.
Le vaccin miracle est attendu par plus de 38 millions de personnes infectées dans le monde.