On vous explique ce que contiennent exactement les vaccins à ARN
Pour nombre de récalcitrants, la composition prétendument floue des vaccins est un argument contre la vaccination. Pourtant, elle est publique depuis bientôt huit mois. On décrypte ces ingrédients avec le Pr Jean-François Saluzzo.
"On ne sait pas ce qu’il y a dans les vaccins" : une personne de votre entourage vous a déjà rétorqué cela pour expliquer qu’elle refusait de se faire vacciner contre le Covid ? Pourtant, la liste des composants des vaccins à ARN (Pfizer et Moderna) est disponible sur le site de la Haute Autorité de Santé.
Lipide SM-102, phosphate monopotassique ou thrométamine : cette liste reste cependant très obscure pour qui n'est pas scientifique ... Pour comprendre, il faut revenir à la fabrication des vaccins à ARN.
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1 : Extraire l'ARN
Avant tout, on extrait le matériel génétique d'une partie inoffensive du virus, la protéine spike. C'est la protéine qui permet au virus de pénétrer dans les cellules de l'organisme pour s'y multiplier. Après plusieurs manipulations, les scientifiques obtiennent le fameux ARN messager décrit le Pr Jean-François Saluzzo, virologue spécialiste des vaccins. Cet ARN est l'antigène, le composant principal du vaccin.
Il joue le rôle d'un messager qui entre dans les cellules humaines pour leur faire produire la protéine spike. Elle permet au système immunitaire de reconnaître le virus lors d'une éventuelle infection.
Une fois son message délivré, l'ARN est désagrégé. Il est donc impossible qu'il "modifie l'ADN" comme certaines rumeurs sur les réseaux sociaux le laissent entendre.
2 : Enrober l'ARN
Toutefois, si l'ARN messager est injecté seul, "il va être rapidement dévoré" avant de pouvoir jouer son rôle, explique Jean-François Saluzzo. On lui ajoute d'autres composants, appelés excipients. Le temps que l'ARN remplisse son devoir, il faut le protéger grâce à une "capsule lipidique", poursuit ce spécialiste.
En outre, "pour que cette cette capsule ne se perde pas, ils ont ajouté des lipides qui guident l'ARN encapsulé vers les cellules", ajoute le Pr Saluzzo.
C'est à cela que servent quatre des composants des vaccins Pfizer et Moderna : ils forment la capsule lipidique. Les deux vaccins contiennent plusieurs lipides, ou gras, entre autres du cholestérol. Après la vaccination, ces lipides peuvent être responsables d'une légère douleur au point d'injection.
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3 : Rendre le vaccin compatible
Une fois protégé dans sa capsule, l'ARN messager ne peut toujours pas être directement injecté dans le bras d'un patient. Avant cela, il reste une étape indispensable : rendre le vaccin isotonique. Cela signifie qu'il doit être rendu compatible avec le corps sur le plan du pH, de la salinité ...
Si ces composants sont oubliés, le vaccin pourrait faire éclater des cellules et créer des douleurs musculaires. Pour ces vaccins, ce sont différents types de sels qui ont été choisis (chlorure de potassium, acide acétique ...) Ils garantissent l'équilibre entre le vaccin et le corps du patient.
"On n'injecte jamais un médicament 'cru' dans le bras", explique le Pr Saluzzo. Tous les médicaments sont entourés de composés différents avant d'être administrés à un patient. Ils ont tous en commun de se désagréger rapidement une fois dans l'organisme.