Pourquoi les moustiques piquent-ils certaines personnes plus que d'autres ?

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les moustiques ont tendance à toujours se tourner vers les mêmes victimes. Voici lesquels.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Les moustiques peuvent transmettre des virus vecteurs de maladies potentiellement mortelles, comme la dengue ou chikungunya
Les moustiques peuvent transmettre des virus vecteurs de maladies potentiellement mortelles, comme la dengue ou chikungunya  —  Shutterstock

Et si l’un des mythes les plus tenaces de l’été était finalement avéré ? Et s’il existait réellement des "peaux à moustiques" ? À en croire diverses recherches menées par des chercheurs du monde entier, la légende ne serait pas si farfelue : nos ennemis les moustiques auraient bel et bien des "proies" privilégiées et ne piqueraient pas au hasard de leurs pérégrinations aériennes.

De nombreuses maladies causées par des virus transmis par les moustiques, comme le paludisme, chikungunya, la dengue ou Zika, entraînent chaque année des centaines de milliers de décès à travers le monde, particulièrement dans les zones tropicales. 

En raison du réchauffement climatique, les piqûres de moustiques commencent également à inquiéter les autorités sanitaires sous nos latitudes. Des dizaines de cas autochtones de dengue sont par exemple signalés chaque année, principalement dans le Sud de la France. Comprendre les mécanismes du choix des cibles de ces minuscules insectes suceurs de sang représente donc un important enjeu de santé publique.

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Qui sont les plus à risque de se faire piquer ?

Sommes-nous tous égaux face au risque de piqûre ? Oui… et non, expliquent les chercheurs. La génétique de sa proie joue en effet un rôle dans le choix du moustique. Dans une étude publiée dans la revue PLOS One en 2015, des chercheurs ont confronté des vrais et faux jumeaux à l’espèce de moustique Aedes aegypti. Les vrais jumeaux, qui ont donc la totalité de leurs gènes en commun, ont eu approximativement le même risque de piqûre. Ce qui n’était pas le cas des faux jumeaux. Cette incidence génétique est toutefois minime et encore mal identifiée.  

En revanche, un fort taux de CO2 émis par sa victime, et le risque de piqûre est drastiquement accru. Les moustiques sont en effet naturellement attirés vers le CO2 produit par la transpiration ou la respiration. C’est pourquoi les sportifs, qui transpirent beaucoup, sont particulièrement à risque de se faire piquer, tout comme les personnes en surpoids.  

Les buveurs de bière sont également réputés pour être des cibles de choix pour les vampires de l’été. Une nouvelle fois, ce lien est sûrement à mettre au profit de la propension de l’alcool à provoquer une hausse du taux de la glycémie et du débit sanguin, qui entraîne irrémédiablement une transpiration plus importante, notamment quand le thermostat est au plus haut. Les femmes enceintes ne sont pas en reste. Selon une étude publiée dans le British Medical Journal en 2000, elles émettent 21 % de CO2 en plus que le commun des mortels, et se font donc piquer plus fréquemment. 

Les moustiques, ces prédateurs au nez fin

Le taux de CO2 émis par le corps n’est pas le seul facteur à prendre en compte pour expliquer pourquoi une peau est plus sujette aux piqûres qu’une autre. Si vous souhaitez vous attirer les faveurs d’un moustique, sachez que votre odeur corporelle sera votre allié numéro 1. Non content d’être une importante source de CO2, la transpiration produit également de nombreux composés volatils. Résultat : une odeur caractéristique, repérable à plusieurs dizaines de mètres par les moustiques, qui se feront une joie d’aller vider de son sang ce nouveau réservoir odorant. 

Ne pensez toutefois pas vous débarrasser de ces horreurs de la nature en vous aspergeant d’eau de Cologne ou en passant un simple coup de déodorant après une séance de sport. Ces petites bêtes sont capables de pister un bouquet d'odeurs cutanées en fonction de préférences propres à chaque espèce. 

Par exemple, une étude publiée en 2011 dans la revue PLOS One a montré que l’espèce de moustique Anopheles gambiae, présente en Afrique et vecteur du paludisme, se tournait particulièrement vers les individus dont la peau présente la bactérie Brevibacterium epidermidis. Une bactérie responsable de l’odeur typique et désagréable de la transpiration, proche de celle de l’odeur de chaussettes sales. 

Si vous avez l’impression d’être particulièrement exposé aux piqûres de moustiques, en comparaison de vos proches, il peut enfin tout simplement s'agir d’un simple biais statistique. À force de vous persuader que vous êtes constamment la victime malheureuse de ces suceurs de sang, vous allez remarquer chaque piqûre, même la plus anodine. Là où votre collègue, moins sensible, ne relèvera pas (ou plus), chacune des traces du passage d’un moustique sur sa peau.

Bien se protéger pour éviter les piqûres

Le meilleur moyen de se protéger face aux moustiques reste encore d’éviter de se faire piquer ! Pour cela, rien de plus simple :

  •  Dans le jardin, videz tous les réservoirs qui peuvent contenir de l’eau puisque c’est là que les moustiques femelles pondent (arrosoirs, gouttières, coupelles de pots de fleurs...) ;
  • Équipez vos fenêtres de moustiquaires ;
  • En promenade, portez des vêtements amples et couvrants. Plus la peau est couverte, moins le risque de piqûre est important, que vous ayez une "peau à moustique" ou non ! 
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