Des pieds et des mains pour lui sauver la main !
Des chirurgiens chinois ont raccordé la main droite à la cheville d'un jeune patient qui venait d'avoir un accident de travail, pour la conserver le temps des soins des blessures de l'avant bras. Une chirurgie autant impressionnante qu'exceptionnelle.
"Je ne me vois pas vivre sans ma main droite"
Le 10 novembre 2013, la main droite de Xiao Wei a été littéralement coupée par une machine industrielle et son bras écrasé lors d'un accident de travail. Ses collègues ont eu le bon réflexe de mettre sa main dans un sac de glaçons dans l'espoir de la récupérer et l'ont immédiatement amené à l'hôpital. Démunis, les chirurgiens du petit hôpital local de la province de Hunan (Chine) l'ont transféré dans un grand hôpital avec des chirurgiens spécialisés dans la chirurgie de la main. "Je suis encore jeune, et je ne me vois pas vivre sans ma main droite", témoigne Monsieur Wei. Sept heures après l'accident, Monsieur Wei arrive dans un hôpital de Changsha.
Raccorder sa main à sa cheville pour lui sauver la main
En voyant l'état de son avant-bras droit, il était impossible de raccorder la main droite sans réaliser au préalable des soins de l'avant-bras, très abîmé. Pour conserver sa main, il était nécessaire de la relier à des artères pour qu'elle soit vascularisée et éviter ainsi la "mort" de sa main.
Le seul moyen que les chirurgiens ont trouvé pour pallier ce problème a été de rattacher sa main à sa cheville. Un moyen surprenant mais efficace ! Sa main a ainsi été raccordée à sa cheville pendant plus d'un mois, le temps des soins de l'avant-bras. Le patient a secondairement subi une nouvelle chirurgie pour rattacher sa main droite. Les chirurgiens attendaient en effet que le patient récupère sur le plan physique avant d'entreprendre de nouvelles chirurgies. Un traitement complexe qui nécessitera d'autres opérations ultérieures. Les médecins qui l'ont pris en charge restent convaincus qu'il retrouvera l'usage de sa main droite.
Le Pr Lantieri, chirurgien plastique et réparateur à l'hôpital Georges Pompidou (HEGP) à Paris nous éclaire sur la faisabilité de cette technique chirurgicale et sa fréquence.
La confrontation à ce type de situation est assez exceptionnelle. Le Pr Lantieri nous confie n'avoir jamais été confronté à ce type de chirurgie au cours de sa carrière. Il s'agit d'une réimplantation en deux temps. Cette technique relativement classique, a été décrite pour la première fois en 1986 par un chirurgien yougoslave nommé Marcus Godina.
"La main est d'abord réimplantée sur un autre vaisseau périphérique, en l'occurrence chez ce patient au niveau de la cheville. Cela peut être au niveau de l'aine ou au niveau de l'aisselle. Une fois l'avant-bras cicatrisé, on peut ensuite transplanter la main au niveau de l'avant-bras", précise le Pr Lantieri.
"En général, il n'y a aucune séquelle au niveau du site de transplantation temporaire, ici la cheville. Pour ce qui est de la réimplantation de la main, il s'agit généralement de mécanismes d'écrasement et les résultats fonctionnels sont généralement assez médiocres", poursuit le chirurgien.
Ce qui n'était pas le cas de ce jeune homme qui a eu la main coupée et non pas écrasée, ce qui lui permettra peut-être de récupérer une certaine fonctionnalité de sa main.